A la Fnac de Toulon : Les méta-physiques photographiques de Gilbert Garcin

Tout simplement uniques, voire géniales, ces images conçues par Gilbert Garcin.

G. Garcin ne s’est jamais demandé s’il devait, comme tous les photographes actuels, faire de la photographie contemporaine, conceptuelle, documentaire, sérielle, plasticienne ou je ne sais quoi encore. Non, comme un jeune Candide, il a, au lendemain de ses 65 ans, l’âge légal (mais oui !) de la retraite, décidé d’apprendre les rudiments de la technique photographique, puis de laisser son imagination vagabonder d’idée en poème, de surréalisme en magie, de rire en grimace, de métaphysique en philosophie, de comédie burlesque en comédie dramatique, et ses images, dans un style et avec un propos jamais vus, ont vite plu au grand public, aux galeries, aux éditeurs. Miracle ? non : loin d’un Araki cru, limite-porno, loin des Becher et Couturier documentalistes, loin des Aziz et Cucher visionnaires ou d’un Serrano morbide, d’une Cindy Sherman comédienne ou dramatique, d’une Elke Krystufek narcissique et actionniste, d’une Marie-Jo Lafontaine terriblement efficace, très loin de tous ceux qui font la photographie d’aujourd’hui et qui font les délices de toutes les manifestations actuelles, Paris-Photo en tête, Gilbert Garcin, le farceur, fait tout seul bande à part. Et, il n’en revient pas de son succès !

Couverture du recueil, éditions filigrane

Il se photographie dans une attitude choisie en fonction de son projet d’image finale, il découpe son image et la met en scène sur un mini plateau-maquette et rephotographie la nouvelle composition. Simulacre total. Voilà pour la technique, simple comme bonjour pour un bon bricoleur amateur de système D. Et le génie de Gilbert Garcin est là, dans la mise en scène de l’idée, une idée simple, limpide, mais mythique, métaphysique, ou philosophique, comme vous voudrez, illustration de notre condition humaine et de l’éternel questionnement qui suis-je, où vais-je ? pourquoi -je ? Gilbert Garcin nous aide dans le cheminement de l’Idée en suggérant un titre, souvent elliptique. On pourrait presque s’en passer, tellement est limpide l’image.

Démiurge dramaturge, poète ironique et onirique, magicien machiniste, Gilbert Garcin me fait penser à un Magritte de la mise en scène, à un Tati de l’image fixe ou encore à un Devos du langage photographique .

En ces temps d’angoisse, allez donc vous rafraîchir un peu, vous jubilerez avec lui de notre savoureuse condition humaine, ne ratez ni l’exposition ni l’achat du recueil de ses oeuvres « Simulacres », aux éditions filigrane(28 euros)

Comme ça fait du bien !!!

Posté le 16 avril 2003

G. Garcin, né à la Ciotat en 1929, vit et travaille à Marseille
Première exposition collective ; 1998, avec la galerie Les filles du Calvaire à Paris Photo
Première exposition personnelle : Rencontres Photographiques de Solignac (bonjour en passant à mon fils qui y habite), et à Aubenas.