“La peinture, ça ne montre pas seulement....”. Nous disait Marie-Lyne il y a quelques années à Carcès. Mais, déjà, que nous montre-t-elle à travers son oeuvre ?

Une matière opaque, lourde, sombre, (le goudron), ou bien au contraire fluide, légère, transparente (les résines) qui recouvrent, en une sorte de palimpseste, des esquisses peintes antérieurement. Effacer , masquer par le recouvrement, par la dilution, les émotions passées, pour en faire surgir tout-à-coup d’autres. L’épiphanie masquée . Cette épiphanie (du grec épiphaneia, apparition), dans le sens donné par Joyce, était-elle trop douloureuse pour qu’elle ne puisse pas être montrée dans sa totalité ? Ou bien n’était-elle que passage vers une autre création, véritable renaissance ?

“Ça ne montre pas seulement, ça pense... “, rajoutait-elle aussi, je dirais ça aide à penser : la peinture archétypique de Marie-Lyne incite à se plonger dans le plus profond de soi et à en extraire des émotions existentielles. Parce que, voyez-vous, des peintures-peintures où la matière est omni-présente, épaisse ou coulante, transparente ou opaque, suggérée ou épaisse, j’en ai vu des centaines, des milliers, mais elles restaient souvent vaines, elles ne donnaient à voir qu’elles-mêmes, et là, devant la peinture vivante de Marie-Lyne, surgit un désir pressant d’entrer dans son alchimie, d’en percer le mystère et de le reporter sur soi. Allées et venues, entre la peinture et nous, devenus contemplateurs-chercheurs.

À voir absolument , vous serez touché au plus profond de vous-même.

Marie-Françoise Lequoy-Poiré

Jusqu’au 30 mars, à la Maison du Cygne, Six-Fours les Plages
Rencontre avec l’artiste samedi 15 mars, à 14h30