ARIELLE DOMBASLE - ANNULE

VARIETE ET CHANSON FRANCAISES

36€ à 39€

ARIELLE DOMBASLE
Variété et chanson françaises

  • le 04/02/2010
  • à 20h30

C’est Arielle qui souffla d’abord à ses prétendants l’idée qui lui galopait sur l’imaginaire depuis quelque temps : réaliser un album de chansons originales en hommage à Sor Juana Inès de la Cruz, poétesse mystique du 17ème siècle mexicain, considérée comme la première des féministes hispanophones. Cette religieuse éclairée, férue d’astronomie et de mathématiques, tellement libre et audacieuse qu’elle frôla d’un souffle l’excommunication, est l’icône du Mexique baroque, et Arielle imaginait dans un premier temps croiser le récit de Sor Juana avec la musique de Bach, Haendel ou Vivaldi qu’elle maîtrise avec cette perfection des fausses oisives.

Katerine entrant dans son jeu, entraînant Gonzales dans la boucle, et le disque pieux et sérieux envisagé au départ allait bientôt changer radicalement de visage. C’est une Sor Juana téléportée vers le 21ème siècle qui allait maintenant inspirer nos trois intrépides. Une super héroïne de comics, sainte des temps futurs, profilée pour d’incessants allers-retours entre les époques, qui occasionnerait des carambolages musicaux et autres anachronismes sonores tout aussi spectaculaires. Arielle avait en tête comme un feu d’artifice où tambourinaient à la fois les rythmes tribaux mexicains et la distinction céleste du baroque, l’électro-pop rigoriste de Kraftwerk et la transe répétitive des minimalistes anglo-saxons.

A cette profusion d’envies pas forcément compatibles, Philippe Katerine ajoutera sa propre marque, son style qui transgresse tous les autres, son goût à la fois du grotesque et du délicat, sa science imagée lorsqu’il s’agit de faire entrer toute une folle farandole sous le boisseau disciplinaire de quelques couplets et refrains. Les premières strophes choisies aux pincettes pour évoquer Saint Laurent (« Quitte à mourir, autant que ce soit en Saint Laurent », tant il est vrai que calancher en H&M est une impardonnable faute de goût) suffisent déjà à transporter ce disque vers d’irréels sommets à la beauté sidérante. A l’autre bout du spectre, on assistera à cette évocation particulièrement secouée de El Santo, ce catcheur au masque d’argent adulé dans les quartiers pauvres au Mexique et qui incarne un autre forme de sainteté, laïque et populaire.

Posté le 4 février 2010