AU CENTRE D’ART DU BOSPHORE, FLAMBOIEMENTS ET EXORCISMES...

CHRISTIAN GIACOMIN : Le corps sublimé

Nous connaissions bien Christian Giacomin, artiste seynois, pour sa peinture précieuse, maniériste, à la lisière d’un surréalisme lyrique et onirique, avec ses touches diluées, ses formes corporelles évanescentes, ses couleurs chatoyantes et moirées, aqueuses.

Aujourd’hui, il aborde avec succès la troisième dimension : ses dernières oeuvres, sortes de bas-reliefs, se situent entre sculpture et peinture. Il reprend ses formes, issues tout droit des corps esquissés dans ses toiles, les transpose sur carton, les superpose, les empile, les peint, monochromes ou camaïeux, les présente à même le mur ou sur bâche plastique noire. De matériaux pauvres, il fait des compositions riches, allégories au corps sublimé, transcendé, déifié par la danse, la beauté, la grâce, la caresse.

Allusions à toutes sortes de dieux mythiques, allusions à un idéalisme des corps, ces formes arrondies, baroques et vivantes, semblables à des flammes, à des ailes en envol, disposées suivant un rythme purement musical, nous transportent dans une sorte de ronde flamboyante, joyeuse et colorée Homme - Femme - Flamme - Oiseau. Chaque composition est une sorte d’arrêt sur image de formes en mouvement. Petit à petit, l’artiste s’affranchit de la représentation, de l’anecdote, il adopte peu à peu un langage purement graphique, tout en arabesques, rythmé par les vides et les pleins, le ying et le yang, il s’envole vers l’ Allégorie avec un grand A et vers le Tao avec un grand T.

Son installation intitulée "les Maîtres du Temps" refait vivre en trois dimensions une peinture exécutée il y a une vingtaine d’années. La mise en scène d’un autel, marqué par un rayon laser, autour duquel sont placées des "présences divines" improbables (comment nommer ces curieuses et belles sculptures ?), nous plonge dans une sorte de rituel religieux ou cosmique, fiction youngienne sortie tout droit d’une imagination débridée. Atmosphère, procession en marche vers un temple archétypique, Stonenhedge ou Carnac, ou bien représentation d’un Olympe figé, ...ou encore maquette pour une BD de science-fiction signée en 2002... ?

Posté le 21 janvier 2002

exposition 3 @
accrochage 3@ : trop à voir, trop à découvrir mène toujours à une certaine saturation. Les Maîtres du Temps sont un peu perdus dans cette grande salle du fond... Artistes seynois à suivre...