Aston Villa - Bill Wyman : 3 - 0

Pour la première fois depuis le début du festival, les interviews commencèrent à l’heure. Avec les étonnants Aston Villa (www.astonvilla.org). Etonnants parce qu’ils auraient pu se le jouer « hype », surtout après le carton de leur single acoustique « Raisonne ». Ce fut tout le contraire : un groupe soudé, sympathique, attentif aux questions des journaux des marchands de canons autant qu’à celles de Yaquoi ! Accoudés à une table sous les pins, ils étaient tous là : Fred (chant), Hoss (percus), Greg (batterie), Franck (guitare), Djib (basse). Ce dernier étant blessé, c’est Cyril D (ancien des Melvin Poupaud et proche de Bertignac : le showbiz est une grande famille) qui le remplace. Aux dernières nouvelles, il restera intégré au groupe pour l’avenir. Peut-être que ces réparties humoristiques (« Sa mère la fourmi », « basse avec deux s ») ont touché les vieux d’Aston.

Six-Fours fut leur dernière date française (au passage : ils étaient déjà venus y a 4 ans) et ils comptaient dès l’après-midi faire une teuf de chez teuf après leur concert (je confirme : ils ont pas dû voir beaucoup de ce qui passait après eux). Les camarades d’Aston Villa ne cachaient pas avoir besoin de décompresser après 3 ans sans vacances, enchaînant albums et tournées. C’est ainsi qu’ils prévoient d’arrêter les concerts pendant un an, de prendre un mois de vacances et de se remettre en studio pour l’enregistrement d’un album qui devrait sortir avant l’été 2004. Cet album devrait être plus rock que Strange (pop).

Au fil de la discussion (trop décousue pour vous la retranscrire en intégralité), on comprend mieux comment ce groupe peut à la fois se produire contre la guerre en Irak à Bercy (mars 2003) aux côtés des anars de Lofofora (dont je vous conseille le dernier opus, Le fond et la forme) et donner un concert devant plus de 15 000 JOC (Jeunesse ouvrière Chrétienne, www.joc.cef.fr) en furie, ou même se rendre dans les classes à la rencontre des élèves. Avec plus de 8 ans passés à user la scène comme d’autres usent les bancs de la fac, à Paris comme en province, il s’est créé une véritable « dépendance ». Groupe ouvert et engagé, Aston Villa appréhende la scène comme un challenge et un plaisir. Si des concerts sont plus difficiles que d’autres (ils concèdent qu’un acoustique sur la grande scène des Eurockéennes de Belfort n’est pas ce qu’il y a de plus évident), ils se donnent à chaque fois à fond.

Ce lundi, le concert aurait pu faire partie des meilleurs. La foule avait répondu présente, certes pour les têtes d’affiche, mais elle s’est montrée enthousiaste et a participé de bon cœur aux gesticulations scéniques d’Aston : Franck et sa perruque violette qui flottait au vent, Fred qui sautillait dans tous les coins en frappant toujours plus fort son tambourin contre sa poitrine, Cyril D encore à la recherche d’une blague. Seuls vraiment Greg et Hoss restèrent concentrés, et encore… Leurs chansons passent bien ( « Le chien », « Strange », « Voiture française », etc.). « Raisonne » (Fred fit judicieusement remarqué que Cyril D était jeune et avait les cheveux longs) est repris en chœur par le public. Bref tout était réuni pour que leur tournée s’achève en apothéose.

C’était sans compter avec Bill Wyman et ses contraintes horaires qui obligèrent Aston Villa à ne jouer que 40-45 minutes au lieu des 50-60 prévues initialement. Greg nous déclara à la descente de la scène qu’il était vraiment frustré. Mais bon, la soirée pour eux ne faisait que commencer.

Revenons un peu plus tôt dans l’après-midi. L’interview et la séance photo d’Aston Villa terminées, il ne nous resta plus qu’à attendre qu’une des trois vedettes programmées veuille bien accepter de répondre aux questions des journaleux. On aurait pu attendre longtemps qu’on y serait encore.

Le premier monstre sacré à montrer le bout de son nez fut l’ancien bassiste des Rolling Stones, Mesdames, Messieurs, je vous demande d’applaudir : Bill Wyman (www.billwyman.com). C’était limite que les gars de la sécurité le laissaient pas entrer : cheveux passés au fer à repasser, vieux survet’ « Vodafone XV of England », lunettes armature noire et verres mauves, une vraie dégaine à la Austin Power. Billy est allé direct’ dans sa loge, suivi par sa troupe (Les Rythm Kings), ses techniciens, ses proches et des caisses et des caisses de vins et de champagne.

Petit gueuleton avant d’aller faire les balances, apéro avant de monter sur scène, bon repas après le show. D’un point de vue alimentaire, la soirée de Billy fut bien remplie. La nôtre un peu moins parce que le menu proposé en spectacle sentait un peu le périmé. Du rock’n’roll des années cinquante, avec même une reprise de Chuck Berry (« You never can tell  »), l’esprit Pulp Fiction en moins. Oh yeah ! Le concert débuta vers 20h10 et allait durer une heure. Bill Wyman, chemise rose très kitch, à l’unisson avec son groupe, resta en retrait. Seul le clavier, un espèce de type au look Elvis à Hawaï, coiffure banane, chemise à fleur sentant le beurre de cacahuète mit l’ambiance. Et quelle ambiance ! Un groupe pour les banquets de mariage.

Bill nous concéda un solo à la basse. Le public semble avoir apprécié mais une chose est sûre, c’est que la température avait nettement baissé depuis le départ d’Aston.

Posté le 13 août 2003

Festival des Voix du Gaou 2003
Photos : Julien