Automne et hiver

texte Lars Norén
mise en scène, lumière et son Mélanie Leray et Pierre Maillet
Le Théâtre des Lucioles

Deux soeurs sont en visite chez leurs parents : Ewa, secrétaire réussie dans la haute finance, mariée et
menant une vie confortable, et Ann, sa cadette vivotant à coup de petits boulots, seule avec son fils de
10 ans. Le père, médecin, est au seuil de sa retraite, la mère, femme idéale et dynamique. Ce soir là,
dans la salle à manger IKEA aux rideaux blancs, où trône la télévision, on parle de choses insignifiantes,
un dialogue de sourds dont Ann, mal-aimée et malheureuse, va bientôt déchirer le voile…
L’humour féroce de Norén a rarement été aussi bien joué par quatre comédiens plus que remarquables
de vérité et d’intensité intérieure.
L’auteur suédois Lars Norén est considéré comme l’un des meilleurs auteurs d’aujourd’hui, dans la
lignée de ses grands prédécesseurs scandinaves, d’Ibsen à Bergman en passant par Strinberg, sonde
inlassablement les abîmes du couple et de la famille. Son théâtre, nourri de sa propre biographie,
travaille sur l’inconscient et mêle cruauté et violence sans que la compassion n’intervienne jamais.
A travers un dîner aux apparences ordinaires, d’une famille ordinaire, Lars Norén décrit de manière
cruellement réelle tout un pan de nos sociétés occidentales et aborde des thèmes comme celui de
l’argent, l’éducation, l’alcoolisme, la folie, les médicaments, l’adoption...
La famille, ici, n’est pas l’univers clos, privé, protégé, comme on voudrait nous le laisser penser. C’est
un lieu poreux où se cristallisent les rapports de forces qui traversent nos sociétés, entre hommes et
femmes, entre classes sociales, entre générations : un lieu où se nouent les inégalités.
Le collectif d’acteurs qui forme le Théâtre des Lucioles vient de l’Ecole du Théâtre National de
Bretagne. Encore remarquées cet été au Festival d’Avignon avec Eva Peron ou La Tour de la Défense
de Copi, mise en scène par Marcial di Fonzo Bo, Les Lucioles s’illustrent par des décors high-tech, un
travail du costume et de la vidéo comme vecteurs d’imaginaire et matériaux plastiques, un univers
sonore jazz et électro-rock, une fidélité envers des auteurs comme Fassbinder, Copi, Leslie Kaplan…

Posté le 13 février 2007