Espace de l’Art Concret du Château, un espace unique en France, Mouans-Sartoux

J’aime ce lieu magique, ce vieux château perché en haut d’un village provençal pittoresque et vivant, entouré d’un parc où les jeunes mariés aiment se faire photographier...
J’aime la triple affectation de ce vieux château : héberger la fabuleuse donation Albers-Honegger [1], abriter des expositions temporaires dédiées à l’Art Concret [2], (un art qui, aujourd’hui, n’a malheureusement pas le vent en poupe auprès des institutions, en France particulièrement), être un lieu d’initiation et de création artistique pour les jeunes villageois. J’aime ses espaces, son escalier, ses fenêtres où passe la lumière du midi, j’aime ses pièces à vivre l’art, reliées par d’intimes couloirs.

J’aime les 3 expositions à thème organisées annuellement, j’aime ses accrochages toujours originaux, lisibles, j’aime les confrontations d’oeuvres qui s’y font tout naturellement, tout en douceur. J’aime les titres ambigus choisis : "virtuel réel", "condamnés à la liberté", "le cri et la raison", "la nature imite l’art", "miroir cassé", etc.

J’aime l’ambiance particulièrement chaleureuse qui y règne lors des vernissages, j’aime ses salons avec plafonds ornés de stucs, cheminée de pierre et parquets à l’italienne, qui font que les discours officiels se transforment en discours d’hôtes accueillant des amis. J’aime y rencontrer de grands artistes, totalement disponibles (quel plaisir rare que de pouvoir aborder Honegger, Venet, Toroni, Verjux, Rutault et d’autres encore en une seule soirée...).

J’aime la foi de combattants acharnés de Gottfried Honegger, des conservateurs du musée et des élus municipaux, qui contre vents administratifs et marées d.r.a.c.iennes (pour ne pas dire draconniennes) ont mené à bien le projet d’abriter une grande collection d’art contemporain dans un lieu villageois. J’aime sentir cette connivence entre artistes, élus, publics, commissaires, si rare dans le domaine de la culture...J’aime tout cela, unique en France, une grande chance pour notre région...

[1Je reviendrai sur l’histoire de la donation Albers-Honegger dans un prochain article.

[2" art concret " doit être compris dans son acception la plus large, depuis la définition donnée en 1930 par Théo van Doesburg dans son Manifeste de l’art concret :"peinture concrète et non abstraite parce que rien n’est plus réel qu’une ligne, qu’une couleur, qu’une surface", jusqu’au constructivisme, au minimalisme, à l’art conceptuel et aux démarches artistiques les plus actuelles qui en émanent.

Posté le 5 février 2002