Jean Bellorini, une des étoiles montantes de sa génération, et sa troupe de comédiens, chanteurs et musiciens inscrivent la portée morale de la fable politique de Bertolt Brecht dans un généreux théâtre musical. Grave et léger, politique et poétique.

La prostituée Shen Té est la seule « bonne âme » que les dieux ont trouvée pour les héberger dans leur traversée de la province du Se-Tchouan. Remerciée d’un important pécule, elle acquiert un débit de tabac mais se retrouve vite confrontée à la médiocrité et la cupidité de ses voisins, prompts à abuser de sa bonté. Elle imagine le personnage de Shui Ta, « cousin » qu’elle convoque à chaque difficulté. Ce double, homme d’affaires redoutable, fait preuve d’une efficacité inespérée... On connaissait la puissance de la fresque épique de Bertolt Brecht, une charge virulente contre la religion et le capitalisme. Pour sa création au Théâtre national de Toulouse en octobre 2013, Jean Bellorini lui offre un théâtre choral (18 comédiens sur le plateau) où le metteur en scène est fidèle aux préceptes brechtiens : « la poésie la plus pure naîtra de la violence du monde la plus sale ». Son « théâtre du présent », prodigue en émotions, éclaire avec profondeur et légèreté (notamment grâce aux costumes de Macha Makeïeff) la grande question des inégalités et de la soumission des plus humbles aux structures de domination.