Voilà un slogan dont Henri-Edmond Cross aurait pu revendiquer la paternité. L’exposition du Lavandou rend hommage à l’un des découvreurs du néo-impressionnisme à travers une soixantaine d’œuvres, dont certaines jamais exposées.

La technique mise au point par Seurat s’inspirait d’une méthode scientifique reposant sur différentes études sur la couleur et les contrastes qu’elle peut générer. Cette réflexion sur la division de la lumière voulait s’affranchir de l’impression, orientation plastique que prirent Seurat, Signac et Cross qui les rencontra en 1884 au Salon des Indépendants. Souffrant de rhumatismes, ce dernier s’installa sur les rivages de la big blue, dans le hameau de Saint-Clair tout près du Lavandou. Là, comme on peut s’en douter, le maître de lumière rendit grâce à la nature qui faisait si bien les choses sous pareil climat. Les œuvres exposées au Lavandou montrent bien du reste cet engouement pour le site puisque elles s’en inspirent presque toutes. Des huiles, des aquarelles et des dessins pour certains inconnus rendent compte par ce procédé comment la couleur est interprétée par l’œil. Demeure alors l’illusion de l’image que reconstruit le cerveau, appréhension par touches de couleurs radicalement subjective d’une réalité. Le peintre avait bien saisi les fabuleuses possibilités qu’offrait la science à l’art, et il s’en délectera jusqu’à sa mort en 1910. Redonnons vie à ses paroles qui gagneront les âmes sudistes : “ En été, la lumière répandue à profusion sur toutes choses vous attire et vous affole. (…) L’élégance ne réside que dans les pins qui sortent du sable et dans la délicieuse demi-lune que forme le rivage. Mais que cela est éternellement beau ”. Existe-t-il plus belle épitaphe ?

“ Henri-Edmond Cross ”, Etudes et œuvres sur papier ”, jusqu’au 24 septembre 2006, Espace culturel, avenue de Provence 83 Le Lavandou. Tel 04.94.05.15.70. Un catalogue d’une centaine de pages est édité par le réseau Lalan à l’occasion de cet événement.