Magic Buck

On ne triche pas avec le Blues

Ma démarche n’est pas de faire revivre le delta-blues, ni d’en faire une démonstration scolaire, ni d’en raconter l’histoire, ou de prêcher en aucune manière... Et je ne fais pas ce qu’on appelle du "Blues français", je fais simplement du Blues.

Cette musique a toujours représenté pour moi la forme d’expression idéale en matière de pureté et d’honnêteté artistiques, de par sa simplicité naturelle d’origine et de transmission... Elle est aussi la plus difficile à atteindre, car loin de ma culture maternelle ; nous sommes en effet séparés par une couleur de peau, une langue, un océan, et quelques décennies d’histoire. Ce n’est heureusement pas suffisant pour vous en interdire la compréhension, mais ça suffit à certains pour vous déclarer inaptes sans même vous avoir jamais écoutés... Et je peux vous garantir que ce genre d’obstacle sur votre route, au milieu des autres difficultés, ça entretient le blues, le vrai...

BootStompingTheBlues
Café-Lecture, Toulon, février 2001

J’ai approché le Blues durant des années avec les différents groupes auxquels j’ai participé, et la différence de motivation constatée chez mes pairs a toujours été source d’une grande frustration... Je ne pouvais supporter que l’on se contente de jouer le Blues, je pense que ce n’est pas juste une musique qui s’interprète, mais l’expression d’une émotion qui se ressent parce qu’elle a été vécue. C’est d’ailleurs valable pour toutes les musiques, et ça explique la différence entre les "bons" qui font passer quelque chose, et les autres... Pour moi, apprendre le Blues à l’école est une hérésie. Je suis heureux de n’avoir jamais pris un cours de guitare, ni d’aucun autre instrument, et n’ai pas envie d’en donner, j’estime que ça fausse la personnalité de l’artiste qui doit faire son propre chemin...

En ce temps là, je me considérais en "apprentissage" du blues, et pensais en rester là... Au bout de ces années d’errance, une accumulation soudaine d’épreuves humaines douloureuses m’a fait prendre conscience de mon besoin vital d’intégrité et m’a placé devant une alternative simple : ou j’arrêtais de faire de la musique, car je n’y trouvais pas mon compte, ou je continuais seul, pour enfin raconter quelque chose...

J’ai cessé la musique... je suis passé au Blues !

Posté le 9 février 2001