Mickey 3D, c’est plutôt bien

Rencontre sous les pins avec Mickey, compositeur et interprète du groupe. Et fan de l’ASSE. Interview + Concert

Mickey 3D vient présenter son 3ème album, "Tu vas pas mourir de rire", le deuxième chez Virgin pour ce groupe que l’on qualifie habituellement d’engagé. "Pas forcément engagé, plus citoyen. Les chansons sont un moyen de s’exprimer musicalement en tant que citoyen", nous précise Mickey, auteur, compositeur et interprète du groupe. "On ne veut pas se mêler de politique, être embrigadé là dedans. Mais on refusera, et on a refusé, de passer chez Drucker. Pour Virgin, après notre premier album autoproduit, on a tout de suite mis les points sur les i, on n’allait pas changer. Et le morceau composé pour Indochine (Ndlr : « J’ai demandé à la lune ») nous a ouvert des portes, on a fait ça pour ne pas avoir de regrets".

Le succès, ça se passe comment, chez Mickey 3D ? "On ne veut pas se mettre la pression, et on a longtemps fait de la musique sans notoriété. A présent, c’est du bonus, on n’a pas de plan de carrière, c’est la passion qui compte".

Et ce nouvel album, à l’ambiance plus cynique, moins directement revendicative, avec l’arrivée d’un nouvel élément ? "Najah, qui est aux claviers et qui a fait des études de musicologie, on l’a rencontré dans notre local, tout simplement. Pour l’ambiance du disque, au départ, ça devait être un disque léger. Puis, en cours de route, il y a eu le 11 septembre, la situation politique en France ...".

Le thème de l’enfance, qui revient souvent, ça a un lien ? "Ce n’est pas intentionnel, mais il y a une nostalgie de l’enfance, à un âge où il n’y a pas de souci. Comme pour se mettre dans la tête d’un enfant, pour voir comment il pense. Dans le groupe, je compose tout seul à la guitare, ce qui donne une première mouture un peu tristounette parfois".

"Faut dire que j’ai aimé la musique avec Cure. J’ai eu une grosse période Sonic Youth, Nirvana ... quand j’étais dans mon précédent groupe (Ndlr : 3DK, 3 albums autoproduits), où on avait un morceau qui s’appelait "Dangerous Sarkozy", déjà ... Et la découverte de Dominique A m’a donné envie d’écrire en français et de faire ce qu’on fait. Et Miossec aussi."

On écoute quoi, chez Mickey D, en ce moment ? "Des groupes des années 80, comme Taxi Girl ; mais je ne suis pas fou du clavier analogique, ni non plus d’un style de musique en particulier, en bien ou en mal. J’écoute des vieux trucs des années 60 et 70, les premiers Gainsbourg, les Kinks, Barbara ; je suis assez fan de la période 65-75. J’aime aussi beaucoup Johnny Cash, Palace et tout ce que fait Will Oldham. Et sur ce qui est sorti récemment, Emilie Simon, Dionysos, les Wampas, Notwist ... Mais je ne sais pas trop, je n’écoute pas la radio".

Et l’avenir ? Les 60 ans fêtés sur scène ? "J’aimerais bien enregistrer un morceau avec des voix bulgares. Sinon, à 60 ans comme les Stones ? Bof ... On ne sait pas ce qu’on fera dans un an !".

Dernière question, posée par des gars d’un gros fanzine du Sud Est, pourquoi t’es-tu coupé les cheveux ? Pour voir les oreilles de Mickey ? "Non, pas spécialement".

Premier concert pour Mickey 3D sur la scène de l’île du Gaou, mais ils en avaient déjà entendu parler, notamment par Mass Hysteria, les potes de monsieur le Maire de Six-Fours ... Pour qui ils ont un petit mot sur scène. Leur soutien aux intermittents, clairement affiché, prend une forme originale et risquée : une reprise chaque soir différente, par Mickey avec sa guitare acoustique, sans son, sans lumière, sans intermittents donc, sauf lui. Réaction, sinon de solidarité, au moins de compréhension, dans le public qui n’a rien entendu pendant 3 minutes, alors que les sifflets étaient montés au bout de quelques dizaines de secondes la veille à Cannes.

Un concert intense et enlevé pour leur électro-pop et leur talent de la rupture rythmique, avec notamment dès le début "Les enfants" et une boîte à rythme énorme. Mickey est impressionnant, à la fois par ses textes déclamés plus que chantés et par son maillot vert du mythique ASSE (club de foot de Saint Etienne).

Ils sont 4 sur scène et sortent un gros son. La fin du concert affiche une tonalité très politique, juste après le passage sur les intermittents d’ailleurs, avec "La France a peur" et un petit discours improvisé sur les jeunes, les pétards et les scooters qu’on va confisquer à ces sauvageons - en plus des interventions du batteur ; "Le Grands Jacques", dédié à Sarkozy ; un morceau sur Balladur composé en 1995, pour ne pas faire de jaloux ... La demoiselle du groupe passera finalement du clavier à l’accordéon pour un magnifique "Les gens raisonnables".

Un groupe qui permet de passer par un trou de souris de qualité dans la médiocrité de la chanson française populaire actuelle ; des concerts qui font mousse ... euh, mouche et un nom de groupe qui permet des jeux de mots vaseux aux journalistes peu inspirés.

Nombreux morceaux en écoute sur leur site agréable.

Stéphane et Julien, pour Yaquoi.com

Posté le 14 septembre 2003