Moi, Gaston Dominici, assassin par défaut

De 8€ à 16€

D’André Neyton
CDO

Dans la nuit du 4 août 1952 une famille anglaise est assassinée sur le bord d’une route des Alpes de Haute Provence où elle bivouaquait. Gaston Dominici propriétaire de la Grand Terre à quelques mètres du crime va être accusé par deux de ses ls d’en être l’auteur. Enfant de père inconnu, orphelin de mère immigrée, époux choisi par nécessité d’honneur et assassin par défaut (de mots ?), Gaston Dominici sera condamné à mort sans que sa culpabilité ait été prouvée. La pièce dit le drame de ce paysan provençal façonné par une langue et des codes étrangers au monde judiciaire à travers une confrontation dominée par l’incommunicabilité.
Il ne s’agit pas ici de refaire le procès ni de prendre parti pour ou contre la culpabilité de l’accusé mais de porter un regard sur un homme et sur ce qui peut en faire un bouc émissaire : focalisation de l’enquête sur un coupable idéal, celui dont on pourra manipuler la parole, dont on moquera le langage pour entraîner plus aisément l’intime conviction. Roland Barthes, sémiologue, écrit à propos de son procès : « Nous sommes tous Dominici en puissance, non meurtriers, mais accusés privés de langage, ou pire, affublés, humiliés, condamnés sous celui de nos accusateurs. Voler son langage à un homme au nom même du langage, tous les meurtres légaux commencent par là. »

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Posté le 16 janvier 2018