No One Is Innocent débarque à Toulon

Votre serviteur n’ayant pas la carrure d’un journaliste de Var Matin et s’y prenant toujours au dernier moment, j’eus le privilège d’interviewer Kemar, le charismatique leader de No One, au téléphone.

photo L.Seroussi

Alors pour ceux qui connaissent pas No One Is Innocent, quelques petits rappels :
Le combo originel sortit son premier album en 1994 (dix ans déjà !) et cartonna de suite avec son single « La peau ». C’était l’époque où les pogoteurs s’agitaient aussi sur « L’oeuf » de Lofofora et reprenaient en coeur le cri du « Tostaky » des Noardez.
1997 et quelques ravages scéniques plus tard, No One revint avec Utopia. Le choc : des morceaux tout en rage froide, de la dénonciation du génocide arménien au coup d’Etat chilien contre Allende, le tout sur des textes cosignés avec Maurice G. Dantec. Une bombe qui explosa à chaque concert de la tournée suivante mais qui finit par emporter le groupe.

photo F.Loridant

Entre Utopia et Revolution.com, Kemar sortit un album solo Prenom Betty qui n’eut pas le succès commercial que sa réussite artistique aurait mérité. Il tâta aussi de l’électro avec Manta 1000. Mais la machine No One s’impatientait. Et début 2004, un combo nouveau naquit avec Kmille (d’UHT - groupe électro), Julien (bassiste de Oneyed Jack) et Greg, ainsi que plein d’autres intervenants. Nouvelle union, nouveau bébé : Revolution.com, un album racé qui ne demande qu’à rugir sur scène.

Yaquoi : Quelle est l’ambition artistique de No One après ce long silence de cinq ans et ce virage ?

Kemar : On expérimente toujours, chaque album est différent. Le challenge est d’arriver à faire les meilleures chansons du monde, des chansons qui transpirent, qui tapent, qui arrivent comme des boulets.

Yaquoi : On sent dans Revolution.com des rifs puissants comme dans Utopia et en même temps des mélodies ressemblant à celles de ton album solo ?

Kemar : C’est pas faux. Sur l’album solo, il y avait des arrangements techno alors que sur Revolution.com non. Mais c’est vrai que « Où étions-nous ? » ça ne servait à rien de s’énerver. C’était une chanson guitare-voix au départ, donc ça servait à rien d’aller à l’encontre des premières sensations. Dans l’album, les morceaux sont simples, chaque membre du groupe a pris un peu sur lui dans la façon de jouer pour se fondre dans le groupe. C’est un album rock’n’roll.

Yaquoi : Justement, question méthode de travail : comment avez-vous trouvé une cohésion ?

Kemar : Naturellement. 90% des compos sont de Kmille et moi parce qu’on avait commencé à bosser ensemble. Tout le monde dans le groupe s’est trouvé. Humainement on se marre. On apprécie beaucoup de potes en commun, alors ça va très vite, même en studio. Quand y a des morceaux que tout le monde kiffe, tout se passe bien. Avec l’ancien No One, on était plus jeunes, on était plus sur la défensive, on se sentait vite agressé et on rentrait dedans. Aujourd’hui on a plus de recul et la bonne humeur fait que tout se passe bien.

photo F.Loridant

Yaquoi : Comment vous appréhendez la scène ?

Kemar : Je suis tellement heureux de jouer avec les potes que j’ai pas de pression. Tous les soirs, c’est différent. Je prends du plaisir à ça.

Yaquoi : L’engagement politique : regonflé ou dépité après la victoire de George W. Bush ?

Kemar : Ca m’a miné deux jours et au troisième, je me suis dit qu’il faut continuer de parler des Etats-Unis, supporter les Américains qui se battent contre Bush.

Posté le 23 novembre 2004

No One sera le 27 novembre au Zénith de Toulon