Pierre Paulin, superdesigner

A l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de Pierre Paulin, la villa Noailles présente une exposition de plus d’une centaine de pièces de celui qui représente l’une des figures majeures du design contemporain et dont la modernité continue à exercer son influence au travers des générations.

Pierre Paulin se définit avant tout comme un héritier des modernes. Moderne, il l’est, assurément, dans la conception même de son métier et la rigueur des projets réalisés pendant une carrière longue de 50 années. Mais étrangement, et le designer en fut agacé, on a associé Pierre Paulin, souvent par la grâce fluide et sensuelle de ses assises à l’image d’un designer forcement liés au pop et aux années 60 et 70. Cet avis contient sans doute aussi sa part de vérité. Peut-on alors se contenter d’un Paulin moderniste et fonctionnaliste au risque que certaines formes avant-gardistes et révolutionnaires de son vocabulaire formel ne le trahissent ? Certainement pas. Pierre Paulin se trouve justement à la charnière de l’époque moderne qu’il respecte, vénère et adopte et à celle, plus déconstruite à son idée, mais incroyablement foisonnante des diverses pensées post-modernes. Paulin est à la croisée de ces mouvements, se réclamant d’un, mais anticipant l’autre et c’est en sens que sa modernité dépasse « la modernité », que sa modernité traite de deux temps dans le même mouvement !

Pierre Paulin nous offre la figure riche, complexe, inattendue d’un designer convaincu de ses racines, son ancrage et sa croyance dans le progrès et dans le même temps capable d’une subversion intelligente et sensible, dans une époque de bouleversements éclatants et tonitruants. A travers cette articulation, on trouve les explications - dire les raisons serait s’avancer par trop et faire preuve d’une indélicate sûreté de soi - de son parcours, tour à tour, auteur innovant, designer officiel et créateur anonyme.

Posté le 8 juillet 2007