UNE EXPOSITION D’ARTISTES HAUT-VAROIS AU CENTRE D’ART CONTEMPORAIN DE CHATEAUVERT

Une surprenante exposition d’art contemporain qui mérite le déplacement pour découvrir des artistes "locaux" dans un nouveau lieu

Une belle exposition d’art contemporain qui mérite le déplacement pour découvrir des artistes "locaux" dans un nouveau lieu

CENTRE D’ART CONTEMPORAIN DE CHATEAUVERT :

jusqu’au 23 décembre, ouvert samedi et dimanche de 13h à 18h

PHOTOS – DESSINS – PEINTURE – CERAMIQUE

Christiane AINSLEY – John FRANCIS – Xavier GIRARD
Angelica JULNER – Michel MURAOUR – Alexandre ROCHE
Katharina SCHÄRER – Geneviève NOBERT

Il se passe toujours quelque chose dans le Var pour le bonheur des amoureux d’art contemporain. Presque au milieu de nulle part, entre deux collines, en pleine nature – le nom du lieu nous le confirmerait si nous ne l’avions pas remarqué – Châteauvert– a surgi un improbable centre d’art contemporain. Inauguré en juin 2014 avec les acquisitions de l’Hôtel des Arts de Toulon, il accueille jusqu’au 23 décembre les œuvres de 8 artistes de proximité. Il y avait une opportunité d’occuper l’espace libéré avant la prochaine exposition en 2015 (œuvres du FRAC) dont s’est emparé Michel Muraour, céramiste, malgré la contrainte d’un temps très court pour la conception et la réalisation de son projet.

Nul besoin d’aller bien loin. Pour notre satisfaction et notre santé intellectuelle on peut donc consommer de l’art produit à moins de 200 km. Être "locavore" – locaVar – locav’Art – aujourd’hui peut nous réserver bien des surprises.

Le commissaire d’exposition, artiste lui-même, se défend à travers le choix des œuvres d’avoir programmé un thème d’accrochage ; effectivement nul "titre" n’annonce un concept ; on peut donc sans vergogne se laisser aller dans toutes sortes de lectures. Pas de fil conducteur dit-il. Soit, mais peut-être une invitation à méditer, dès l’entrée : une photographie d’Angelica Julner montre un enfant qui joue à se cacher les yeux avec des morceaux de papier (étiquettes, tickets ?), le titre de l’œuvre : "ce que tes yeux ne voient pas".

Le choix de ces œuvres et de ces artistes pourrait s’envisager comme une entrée en matière(s) dans l’art contemporain : de la céramique,

Ainsley-Muraour et G. Nobert

de la photographie, de la peinture, du tissus, des encres, du pastel gras, souvent travaillés de manière non-conventionnelle en des gestes qui convoquent l’eau, la terre, le feu, le rigide, l’informel, le hasard, la maitrise…

Mais qu’est-ce que cet enfant essaie de nous dire, quelles histoires se raconte-t-il derrière ses yeux ? Il y a des loups, une énorme grosse bête et sa trace, des ombres d’enfants, des arbres noirs tentaculaires en train de pousser, des liquides étranges et maléfiques, une mystérieuse carte du "ciel inversé", un monde qui se fissure, des vases funéraires ayant du mal à contenir ce qui est à l’intérieur, et des "boudings" rigolos qui ne sont peut-être pas de gentils doudous…

Dans cet espace lumineux, simple comme un hangar agricole entouré d’un paysage calme présent à chaque ouverture, soudain, les œuvres rassemblées là, ne sont plus des objets posés ou accrochés au mur, elles nous font basculer dans une nature inquiétante et inquiète. Seulement si nous sommes des enfants, bien sûr… Quoique !

Reste le plaisir immédiat de se sentir à l’aise dans cet espace minimaliste, entouré d’œuvres rassemblées sans lourdeur. Une entrée en douceur dans l’art contemporain en somme et l’espérance d’une suite car le terrain est riche par ici, avec encore beaucoup d’autres artistes à découvrir.

Lilyane ROSE

photograhies par ordre d’apparition
Ensemble de l’exposition
Michel Muraour, céramiste et commissaire, photographie d’A. Julner
Céramiques Ainsley-Muraour, oeuvres sur papier de Geneviève Nobert
Céramique de John Francis
Dessins d’Alexandre Roche
Photographies de Xavier Girard, céramiques Ainsley-Muraour
Boudings de Katharina Schärer
Photographies d’Angelica Julner

Crédit photographie : MF Lequoy-Poiré

Posté le 3 décembre 2014