exposition 5e vagabondages Photographiques

entrée libre

Hommage à l’image
Pour que l’expérience se pérennise, la cinquième édition des Vagabondages Photographiques reste en recherche de stabilité et certainement de renommée. La quête de sens dans la photographie documentaire contemporaine est toujours le cadre de la manifestation, un état d’esprit que partagent les photographes qui nous font l’amitié d’exposer au fort Napoléon. Comme pour chaque édition, on retrouve des professionnels et des amateurs passionnés, et tous unissent leurs efforts pour construire un propos à la fois personnel et s’intégrant dans la diversité, sans jamais du reste briguer un quelconque consensus. La tâche n’est pas aisée puisqu’il s’agit de marcher dans les pas des grands événements dédiés à la photographie documentaire. Même si nous sommes conscients de la modestie du projet, nous sommes très heureux de nous inspirer de manifestations majeures et aussi diverses que Visa pour l’image (Festival international de photojournalisme de Perpignan), Chroniques Nomades (événement célébrant la photographie de voyage et d’aventures qui s’est déroulé cet te année à Reims), le festival Images Singulières (Sète) ainsi que de publicationspapier ou électronique comme la revue Oeil Public qui ne paraît malheureusement plus aujourd’hui ou l’excellente et élégante Polka que le grand public (la vilaine expression) commence enfin à découvrir. Le vagabondage est une façon d’arpenter le monde, et sa quête dans le cas présent est la rencontre de l’autre dont on fige un instant de vie sur un support. Finalement, il y a là une générosité de la part des êtres photographiés qui font don de leur image, d’où l’importance de la relation qui se noue auparavant avec le photographe. Dans ce monde idéal, il ne vole pas d’image et ne viole pas la conscience de celles et ceux qui acceptent l’intrusion de l’objectif dans leur quotidien. Clic Clac feu Kodak, l’expression se charge des sels du passé, la révolution numérique ayant guillotiné des savoir-faire et des automatismes pour mettre en place un nouveau pouvoir et d’infinies possibilités avec notamment l’inventivité débridée qu’autorise le logiciel d’image, en quelque sorte l’ancienne étape du " labo". Voilà pour la théorie... car l’appareil photo ne fait toujours pas le photographe, même s’il lui facilite la vie. Demeure "l’oeil ", un talent ou un don de l’observation que l’on travaille au fil du film (jadis), dans la rigueur d’un champ de pixels (aujourd’hui), même si d’ailleurs l’argentique survit pour le grand bonheur des esthètes.
Photographier c’est encore et toujours savoir regarder. Il est donc facile d’accumuler des images, de les stocker, de les (re)travailler, de les imprimer chez soi etc. Le déclenchement demeure encore au service de l’intuition du moment, un art et une technique qui s’affinent avec la pratique et les rencontres. Selon le romancier américain Jim Harrison : "La responsabilité de l’écrivain est de donner une voix aux gens qui n’en n’ont pas". Je crois que le photographe participe à cette philanthropie moderne. Pour cette cinquième édition, nous avons réuni quatre photographes aux parcours et aux propos différents et qui se complètent en montrant l’incroyable variété du monde.
La Roumanie paumée de Sylvie Lançon- Vernica interpelle la Birmanie hermétique de Lionel Briot alors qu’en jouant une partition d’apocalypse les visages des charbonniers, traités à la gomme bichromatée de Stéphane Noël, provoquent l’étonnante vitalité du New York d’Édouard Dunand. L’humanité est à la fois une et diverse, la photographie nous le rappelle en noirs, blancs et couleurs.

Jean-Christophe Vila

Posté le 11 octobre 2012