26 photographies nous parlent de la tête à l’ESPACE Peiresc de Toulon

La tête ? l’appendice le plus noble de notre corps ! là où passe le souffle de la vie, là où se pensent les choses, là où s’expriment les choses, là où se ressentent les choses, le siège du langage, de l’intelligence, du rêve et aussi du regard sur l’extérieur, du goût, du sentir et de l’ouïe, soit quatre des cinq sens. Bref, le siège de notre disque dur. Objet indispensable, incontournable. Sans elle, pas de vie, pas d’âme. L’espace Peiresc nous avait proposé l’an dernier une exposition photographique sur le thème du corps, aujourd’hui, il s’intéresse à la seule tête. Champ d’investigation plus restreint, et pourtant, le portrait n’est-il pas depuis toujours le premier sujet qui hante les artistes ? Mais la tête ? vue de dos, d’en haut, d’en bas, de côté, la tête, cette chose ronde, toute lisse ou velue ? Ce n’est pas une galerie de portraits qui nous attend, où l’on pourrait voir diverses personnalités comme actuellement à la galerie Pailhas de Marseille, c’est une série de tentatives diverses pour suggérer formes et volumes, mais aussi contenu (rêve, pensée, émotions), devenirs possibles (fictions), naissance ou mort, temps qui passe. Exposition à l’aspect grave, ces têtes sans corps nous renvoient inéluctablement vers l’idée de la mort.

R. et H. Théret
Parr
Aziz & Cucher

Photographies attendrissantes de crânes de bébés par les sœurs Théret ; photographies de têtes vues du dessus, objectives et inhabituelles dans leur frontalité (terme impropre, puisqu’on ne voit pas le front !) par Tosani ou Parr ; images destructurées, inquiétantes, morbides qui renvoient au " tu n’es que chair ou poussière" de Ascolini, Bonfert, Clergue, Appelt, Guillo, Cools ; photographies intégrant le mouvement, donc le facteur temps, avec Gioli ou Roche, et aussi, d’Aziz et Cucher, images transformées sur ordinateur, effacement des yeux, suggérant une société déshumanisée dans sa capacité de communiquer et de voir, et puis aussi images dramatiques de crânes réifiés, rendus abstraits, ou destructurés (Gladys, Fouladi, Cordebard, etc). Au total, vingt-six photographes s’essaient sur le thème de la TÊTE. L’espace Peiresc nous offre une fois de plus une très belle démonstration de l’immense champ des possibles offerts à la créativité des artistes autour d’un même sujet, d’un même objet. Et le côté didactique n’est pas oublié, puisque deux tables rondes sont organisées à l’espace : le 6 mai, à 18 heures, "Figuration et défiguration chez Mario Giacomelli, l’entêté", avec Jean Arrouye, sémiologue de l’image, et, le mercredi 14 mai à 15h30, "La tête mise à propos", avec quatre intervenants.

Et Jean Arrouye de nous rappeler que "tête vient du mot latin testa qui signifie vase de terre cuite, coupe, cruche, amphore, lampe, brique, tesson, coquillage, carapace...". Le ton est donné.

Posté le 9 mai 2003