51ème BIENNALE DE VENISE - N°2 : CONSÉCRATION DE..., suite de BIENNALE DE VENISE N°1

  • M. Denis, Haïti, "Kwa Bawon", video

    Des œuvres fortes, qui nous ouvrent les yeux sur le monde et la société, des œuvres qui portent sens, qui dérangent. Dans ce registre, je vous invite à passer du temps devant les œuvres de Maxence Denis, né en Haïti (dont l’installation vidéo en forme de croix affirme avec force l’horreur de la situation de son pays), de l’argentin Luiz Gonzalez Palma (dont j’adore l’oeuvre entière, sublime), des vidéastes des pays d’Asie centrale (la révélation foudroyante et de grande qualité de cette biennale, des artistes du Kazakhstan, du Kirghizistan

    M. Djoumaliev, Kirghzistan :"Transsiberien..."

    ou de l’Ouzbékistan, à la recherche de leur identité dans ce monde qui s’ouvre), l’espagnol Antoni Muntadas (étude sociologique sur la biennale),

    M. Moghaddam, Iran :"Chelgis II"

    l’iranienne Mandana Manghaddam (un énorme cube de béton suspendu au plafond par des cheveux tressés, parlant, non ?), l’italien Michelango Pistoletto (figure de l’arte povera, il envahit l’île de San Servolo en y proposant un monde meilleur, biennale off), du sud-africain William Kentridge (une salle entière est consacrée à ses films philosophiques et poétiques), l’argentin Sergio Vega, ( qui, à l’Arsenal, reproduit le faux paradis des touristes côtoyant l’enfer sur terre), et je ne peux pas tous les citer, bien naturellement, d’autant que je veux vous laisser des surprises.

    P. Land, Danemark

Et je reviens là-dessus, les installations ou les œuvres des artistes occidentaux, déjà bien connues, parfois kaléidoscopique, telle celle de la suissesse Pipilotti Rist, ou celle de la japonaise Mariko Mori, constituent une jolie bouffée d’oxygène, certes, mais semblent souvent décalées vu la problématique urgente posée par notre rapport au monde en construction. Elles nous endorment.(d’ailleurs, les matelas sont prévus à cet effet). Et c’est bien l’endormissement ou la passivité que nous révèle la saisissante installation du danois Peter Land.


S. Vega, Argentine : "Global warming"

Je n’hésite pas, je donne les***** à cette biennale qui ressemble à un vaste manifeste social, politique et philosophique, tout en restant esthétique, et si vous en lisez des critiques négatives, plusieurs explications possibles ; ou il s’agit d’un(e) journaliste macho, ou il (elle)a fait une visite trop rapide, ou bien encore c’est un(e) intellectuel(e) conceptuel(le) occidental(e) qui a trop lu et qui fonctionne sur les certitudes d’une pensée déjà dépassée. Ils n’ont sans doute pas vu que les artistes occidentaux, pour une fois, sont minoritaires et que ceux des “nouveaux” pays nous crient le message que nous devons nous bouger si nous ne voulons pas aller à notre perte. Voilà ce qu’on ressentait déjà avec la 50ème biennale, mais dans le chaos, voilà ce qui est ici confirmé. Pas forcément réjouissant, difficile à admettre, mais cela nous force à sortir de notre ego de pays nantis.

M. Pistoletto, Italie : Love difference", the Art of survival, biennale off

Avec 70 pays représentés, une centaine d’artistes, toute la ville et ses îles investies, une organisation de qualité, le respect du confort du spectateur, (sièges prévus devant la plupart des vidéos, prêt de sièges dans les giardini), un catalogue parfaitement clair et riche (contrairement aux précédentes biennales), la biennale de Venise est toujours la première biennale au monde.

Côté pratique : prévoir plusieurs jours et une bonne préparation, ( attention aux fermetures hebdomadaire ; en 6 jours, je n’ai malheureusement pas pu tout explorer), prévoir de beaucoup marcher, commencer par les giardini ou l’arsenal (station vaporetto giardini et arsenal), où vous pourrez prendre les tickets d’entrée, la documentation et les catalogues. L’entrée vous coûtera 15€ , les accès aux pavillons nationaux et aux nombreux “events” (biennale off), disséminés à travers la ville, sont, sauf exception, gratuits. Vous avez jusqu’à novembre pour remplir votre porte-monnaie et vous organiser.


Crédit photographique : mflp, Biennale de Venise, Pavillons Nationaux, courtesy Biennale de Venise ou artistes - images libres de droit



Posté le 28 septembre 2005