SOPHOCLE

Salle Michel Simon


ANTIGONE
Sophocle

  • du 04 au 13 Novembre 2009
  • à 21h00
  • à 20h00 Mardi et Jeudi
  • à 15h30 Dimanche
  • [Relâche Lundi]
  • Durée estimée : 1h40

Création

  • Traduction Florence Dupont
  • Mise en scène Paulo Correia
  • Avec
    - Clément Althaus
    - Gaële Boghossian
    - Stéphane Kordylas
    - Antoine Lesimple
    - Fabrice Pierre
    - Louise Roch
  • Dramaturgie Laurent Chalard
  • Création musicale Clément Althaus
  • Création vidéo Paul Pinceloup
  • Lumière Alexandre Toscani
  • Scénographie Jean-Pierre Laporte
  • Conseillère historique Catherine Mauras
  • Production Théâtre National de Nice

L’HISTOIRE
Lorsque Créon accède au trône de Thèbes, il doit d’abord étancher le sang de la guerre civile fratricide qui a ravagé le royaume. Polynice et Etéocle se sont entretués. La malédiction d’OEdipe, leur père, les a finalement rattrapés. Créon veut à tout prix asseoir immédiatement son autorité sur Thèbes en faisant taire tout contre-pouvoir. Après avoir rendu les hommages funéraires au héros Etéocle, il édicte une loi interdisant sous peine de mort d’offrir une sépulture au traître Polynice, meneur de la milice rebelle. Son corps pourrissant est laissé aux portes de la cité. Comme une odeur de fin de règne en guise d’ouverture à la tragédie. Antigone s’élève contre la volonté de son roi en obéissant aux lois ancestrales du sang qui la poussent à enterrer son frère.

CE QU’ILS EN DISENT
Sophocle énonce des problématiques courantes de la cité athénienne, mais la complexité des motivations contradictoires de ses personnages maintient le débat sous tension sans le résoudre. Palais aseptisé. Blanc. Créon semble oeuvrer dans son propre intérêt en refusant d’honorer Polynice et faire preuve de vanité en s’élevant contre la volonté des Dieux. Mais après la guerre civile qui a ravagé Thèbes, c’est aussi la démocratie et l’ordre pour le bien de tous qu’il veut rétablir. Surexposition. Urgence de l’action pour elle comme pour lui. Antigone creuse de ses mains la tombe de son frère. Organique. Elle semble faire preuve d’intégrité et d’altruisme en offrant sa vie pour le repos de Polynice, mais elle oeuvre aussi pour son propre salut en obéissant à la volonté des Dieux et elle met en péril tout l’équilibre de la cité en refusant la loi de son nouveau roi. Des écrans. Contrôle. Comme des regards différents. Différés. Ces paraboles accueillent facilement notre actualité, tant leur ouverture et leur complexité permettent d’en varier la formulation. Voici le contexte narratif d’Antigone et quelques-unes des nombreuses problématiques alimentant l’épanouissement civique et philosophique des spectateurs. Au milieu de cette trame passionnante et de ces questions passionnées, intervient le Choeur. Il chante la succession des états affectifs en assurant la jonction entre les personnages et le public. Bande originale. C’est peut-être ainsi que l’on énonce les choses quand on lit la pièce de Sophocle et que l’on glisse sur les épanchements lyriques fumants du Choeur qui ne font pas avancer l’histoire et ne nous aident pas non plus à la comprendre ou à y compatir. Interférences parasites ? C’est qu’il faut remettre chaque élément à sa place comme nous y invite Florence Dupont : "Il faut comprendre le récit par rapport à la musique et au Choeur [...], l’histoire est le prolongement rituel du Choeur." C’est à partir de son adaptation récemment publiée que nous travaillerons. Rupture. Le texte gagne en clarté sans perdre de sa force et nous permettra ainsi d’oeuvrer à l’actualisation de l’adresse dans la tragédie d’Antigone. Si le rapport s’est inversé c’est qu’il faut aujourd’hui repenser la jonction entre le spectateur et la trame narrative. Pulsation. Au-delà du texte, du rituel c’est surtout la musique qui agissait sur l’âme des spectateurs. Impulsion. La partition du Choeur est déterminée par la métrique du texte. Affect. Nombre d’analyses musicologiques nous apprennent les modes de tonalité et les formules rythmiques récurrentes des différentes séquences cultuelles. Il s’agira pour nous de repenser le Choeur par rapport à son rôle intemporel de vecteur affectif. Distorsion. Là où les problématiques parlent d’elles-mêmes et nous concernent toujours avec la même efficacité, le Choeur garant de l’affect mérite une réactualisation complète. Compression. C’est avec la musique actuelle et la variété de ses possibilités que nous travaillerons. Le Choeur sera constitué de boucles sonores jouées en temps réel avec de multiples instruments se superposant à volonté jusqu’au kommos, au paroxysme de l’affect. Le travail réside dans le parcours affectif concret auquel nous invite Sophocle et mêle dans une vision moderne de la tragédie les problématiques intemporelles qu’elle suscite.
- Paulo Correia -

Posté le 4 novembre 2009