Ainsley, Bonnefoi, Boyer, Cannella, Guimont, Lentge, Surprenant, Torres, Turco et les autres

Chers peintres d’ici ou de là, ici ou là

La peinture est à l’honneur dans la région toulonnaise, et ce n’est pas yaquoi qui s’en plaindrait...

Non, la peinture n’est pas morte, vive la peinture. Et toujours elle se renouvelle. Comment fait-elle ? Serait-elle infinie, indéboulonnable, de toutes les époques, de tous les continents ? Pourquoi pas ?

Pizzi Cannella
« Cattedrale », 2003, huile sur toile, 270 x 340 cm, courtesy Hôtel des Arts

N’importe quelle biennale, n’importe quelle foire, n’importe quel centre d’art contemporain, aussi central et contemporain soit-il, découvre un jour et accroche sur ses cimaises de la peinture autre, du jamais vu, du toujours parlant, du toujours émouvant, du donnant sens à la vie. Et voilà peut-être le secret de la peinture.

Sylvie Guimont
« Barjols », acrylique sur toile, 205 cm x 305 cm, 1999, à Carros

Sans cesse renouvelée, mais toujours parlant de la profondeur de l’humanité. Née il y a plus de trente mille ans, aujourd’hui, elle est la mémoire de ces trente mille ans, mais elle est aussi la projection, la vision de demain, et demain elle deviendra la mémoire d’aujourd’hui. Le temps ne la concerne pas, contrairement à l’art de l’installation, de la performance ou des nouvelles technologies qui ne font que passer et se faire dépasser. Elle n’est pas le reflet d’un instant, elle est le reflet de l’homme dans ce qu’il a de plus Homme : l’homme sensible, l’homme parlant à l’humanité de son humanité, l’homme créant, l’homme craignant, l’homme jouissant, l’homme espérant, l’homme désespérant, l’homme vivant.

Christian Bonnefoi
détail , à la galerie des Remp’arts, Toulon

Bon, assez parlé, le sujet est inépuisable, et chacun apporte sa propre pierre au temple intemporel pictural. Allons plutôt voir, apprécier, éventuellement acheter.

Olivier Turco
« 5 Portraits pour rien », 2004, détail, acrilyque sur toile, 10 m x 2,10 m, à Six- Fours

Nous avons de la chance : des peintres à renommée internationale aux tout jeunes peintres, l’émotion et le plaisir sont au rendez-vous. A Toulon, l’Hôtel des Arts présente Pizzi Cannella, peintre de l’Ecole de Rome, la Galerie Remp’arts et la Galerie de l’Esart présentent les oeuvres de Christian Bonnefoi.

Christiane Ainsley
« Je sais qu’il faut le faire », acrylique sur contreplaqué, 83 x 100 cm, à Carros

A La Seyne sur mer, la Villa Tamaris présente la peinture du marseillais Bernard Boyer. A Six-Fours, à la Maison du Cygne vous pourrez voir une dernière série intitulée « 5 portraits pour rien » du peintre sino-seynois Olivier Turco. Au Château de Carros (06), le Centre International d’Art Contemporain rassemble dans « Matières Couleurs Made in Canada » trois peintres canadiens : Christiane Ainsley, Sylvie Guimont, Alain Surprenant.

Bernard Boyer
S.T.,2002, huile sur toile, 180 x 160 cm, courtesy Villa Tamaris, à la Seyne

A Marseille, la fameuse galerie Pailhas prête ses cimaises à La Chrysalide qui expose 150 oeuvres d’handicapés mentaux (art brut ?). Les Galeries du Fort Napoléon à La Seyne exposent les peintures et encres de Julien Torres. Et ce n’est qu’une sélection...

M. Lentge
« Chope au comptoir », exposition « 150 tableaux de personnes handicapées mentales », courtesy Galerie Pailhas, à Marseille
Julien Torrès
« L’ennemi public n°1, l’homme aux mille visages », peinture d’après une photographie de Mesrine, au Fort Napoléon, La Seyne sur mer
Alain Surprenant
« La Dinosaure », 2003, acrylique sur contreplaqué, 160 x 244 cm, à Carros

Tous ces artistes, d’un style très personnel, nous étonnent par les possibles d’un media qu’on pourrait croire totalement exploré. Il est intéressant de trouver dans ces expositions des écarts insoupçonnables : du baroque le plus extravagant au minimalisme le plus radical, de l’économie de formes à la prolifération des lignes, du monochrome le plus monochrome au bariolé le plus vivant, d’Aristote à Platon...Oui, la peinture est toujours d’une richesse infinie, tout comme notre perception d’une sensibilité infinie... Réjouissez-vous, ceux qui avaient enterré la peinture se sont trompés.

Posté le 15 février 2004