Au musée du Vieux-Toulon, exposition "Le Toulon de Léon Vérane", jusqu’au 28 février 2005.

A l’occasion du cinquantième anniversaire de sa mort, le Musée du Vieux-Toulon propose une exposition consacrée au poète toulonnais, ami de Francis Carco (entre autres car son sens de l’amitié entraînait dans son sillage une bande de joyeux drilles). Il suffit de lire quelques-uns de ses poèmes pour se dire qu’un talent comme celui-là ne doit pas tomber dans l’oubli. Ses vers distillent une petite musique qui permettent de le classer dans la lignée des Verlaine ou Rimbaud.

Né en 1886, Vérane a chanté le Toulon de l’entre deux guerres et celui de l’après-guerre. Sa description d’un boulevard de Strasbourg qui n’était pas encore une bretelle d’autoroute, avec ses brasseries exubérantes, ses filles légères, ses matelots à la recherche d’une aventure, sa vision du marché, ses portraits de joueurs de boules révèlent un amour insatiable de la vie.

Les Toulonnais n’ont malheureusement pour évoquer sa mémoire qu’un square qui porte son nom, un lieu quelconque et froid, aussi peu poétique que possible. Ils peuvent donc le découvrir, et ils ne le regretteront pas, en se rendant à l’exposition organisée autour de lui : reproduction de quelques-uns de ses poèmes, portraits, tableaux de ses amis peintres, photos du Toulon de l’époque et des lieux qu’il a hantés, beaucoup auront la surprise de découvrir son immense talent.

Le musée se visite tous les après-midi, au 69, Cours Lafayette (gratuit).

Et pour donner envie d’en savoir plus, le mieux est encore de reproduire un de ses poèmes :

Le beau marin

Le beau marin qui dans les bars sifflait les filles
A mis du sang sur son col bleu.
Sur la banquette on l’a couché, près de lui brille
Le bref canon d’une arme à feu

Et la patronne dit, qui pleure et se maquille,
Peines de coeurs, dettes de jeu ;
Il m’avait rapporté des oiseaux des Antilles
Mais n’était pas mon amoureux.

Il n’embarquera pas ce soir sur la vedette
Pour rejoindre son aviso
Que règne la bonace ou souffle la tempête

Adieu anses et ports, adieu Valparaiso !
Peines de coeur, longues nuits creuses
Le beau marin a mis du sang sur sa vareuse.

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Posté le 1er novembre 2004