Cercle littéraire / Kafka sur le rivage

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Le Cercle Littéraire

Chaque année, Anne-Marie Trompette anime, à la Bibliothèque Armand Gatti, 5 séances réunissant des lecteurs autour d’un livre et d’un repas.

Le principe du Cercle est simple : il suffit d’acheter le livre (en collection de poche), de le lire et de venir partager ses réflexions et un repas avec d’autres lecteurs (apporter son panier et son livre).

Vendredi 17 octobre 2008 / 20h : "Kafka sur le rivage" de Haruki Murakami (10/18), 2007 ; 9,40 €

Dès les premières pages de son roman « Kafka sur le rivage », Haruki Murakami nous donne la clé. Alors on ouvre la porte et on voyage dans un entre-deux où se mêlent la réalité, le surnaturel et le rêve.
Le récit se structure autour d’une double quête. Celle de Kafka, un adolescent de quinze ans qui, poussé par sa petite voix intérieur qu’il appelle « le garçon nommé corbeau », fugue pour fuir une malédiction paternelle et trouve refuge dans une bibliothèque. Et celle de Nakata, un vieil homme qui prend la route pour répondre à un appel mystérieux. Victime d’un étrange coma, ce personnage a perdu ses facultés intellectuelles mais gagné le pouvoir de parler aux chats et aux pierres.
La réussite d’un voyage se mesure souvent à la richesse des rencontres. Celui que nous propose Murakami n’échappe pas à cette règle mais l’univers qu’il nous fait découvrir est parsemé d’étrangetés. Il pleut des poissons et des sangsues, les forêts cachent des villages fantômes, les esprits nouent des histoires d’amour charnelles avec les vivants, les chats sont victimes d’un tueur en série. Quant aux humains, d’une sensibilité exaceerbée, ils sont très cruels ou très tendres.
Aucun des personnages de ce roman n’est là par hasard. Nakata est une sorte d’ange, de passeur vers l’autre monde. Oshima, le bibliothécaire protecteur de Kafka et Hoshino, le chauffeur de Nakata, sont les intermédiaires nécessaires à la réalisation du destin de l’adolescent. Mademoiselle Saeki, évanescente, fantomatique, semblant appartenir à l’autre monde est celle qui donne un sens.
Bien sûr les routes de Kafka et de Nakata vont converger sans que ces deux personnages se rencontrent.
Ce récit est une histoire d’amour, mais aussi une histoire de garçons qui grandissent, de vieux enfants innocents, de mondes à réinventer.
Splendide récit initiatique qui nous demande d’accueillir le merveilleux, la fantasmagorie, la poésie, la grâce et la violence de cette quête, car il est question aussi de douleur, de sexe, de solitude, de tragédie.
Ce récit est une longue métaphore, un conte magique, et c’est un chef d’oeuvre.

Posté le 17 octobre 2008