“ ...ET ”, PERCUTANTE INSTALLATION DE JANY LABOREY À LA MAISON DU CYGNE A SIX-FOURS

  • et..., c’est, chose rare dans notre périmètre toulonnais classique, une installation de plusieurs installations ou de maquettes d’installations
  • et..., c’est, chose rare dans notre périmètre conservateur, une exposition personnelle proposée par une plasticienne installatrice*, Jany Laborey.
  • et..., ce sont plusieurs propositions en rouge et blanc autour d’un même message à composante humaine, voire philosophique. C’est une invitation à nous libérer de nos carcans, codes, dogmes et conditionnements divers, façonnés depuis des siècles par la gent masculine, une invitation à nous libérer de nos peurs pour franchir le pas qui mène à la liberté et la construction d’un monde en chemin vers la paix..C’est un hymne à la vie, à la création, à la paix.
  • et..., c’est, pour illustrer ce message, l’utilisation d’allégories et de mythes ; c’est le mythe de Pénélope revisité pour une Pénélope contemporaine libérée, c’est la boîte de Pandore ouverte pour faire sortir les diables et s’en débarrasser, c’est le mythe de l’homme qui marche, de Muybridge, de Rodin ou de Velickovic, (fera-t-il le saut, prendra-t-il le risque d’avancer ou bien restera-t-il sur son passé clos),
    Pénélope contemporaine devant Pénélope classique

    c’est aussi la remise en question des écrits qui nous conditionnent depuis des siècles ou de la télé réalité qui nous conditionne depuis peu : “Rien n’est écrit”, nous crie-t-elle en 2m20 sur 6m de papier mis en boule ! ou bien, rien qui est écrit n’est définitif, ou bien tout à tout instant doit être réécrit... ou encore ...à vous d’interpréter l’oeuvre. C’est enfin l’affirmation que rien n’est figé, fixé, puisque un plus un n’est pas égal à deux fois un mais à un, différent.

Dans les vidéos très sobres et très efficaces, une petite fille nous demande de reconnaître que nos mains sont sales, une femme nous parle de couleurs et d’acronymes qui scandent notre quotidien, un danseur buto nous invite à lâcher prise.

Rien n’est écrit

Tout faire pour franchir le pas, le sas, le vide, tout faire pour retrouver le risque de la liberté et pour se retrouver soi, avancer et faire avancer le monde. Voilà une exposition claire, lisible, percutante, qui porte sens et nous interpelle. Attention, en allant la voir, vous risquez de sortir un peu différent...

1+1=1

J’allais oublier de parler de cette sensibilité féminine que le spectateur ne manquera pas de saisir : non seulement nous sentons en filigrane l’invitation qui est faite aux femmes de prendre la parole et la place qui leur sont dues, d’agir, de construire, mais aussi nous sentons l’amour pour un travail bien fait, qui utilise les canons de l’esthétique comme moyens d’efficacité et de lisibilité, et je ne peux pas m’empêcher de parodier une banderole accrochée sur le pont de l’Académie de Venise en disant “L’art n’a pas besoin d’être affreux pour être intelligent ” !

exposition @@@@, artiste à suivre attentivement.

*une plasticienne installatrice est pour moi une artiste qui emploie divers media visuels pour exprimer un concept ou une idée. Ces divers media sont mis en relation les uns avec les autres et forment un tout que le spectateur est invité à décoder, rien n’est laissé au hasard, chaque composante plastique ayant sa raison d’être (exemple : les dimensions, les structures, les couleurs, le savoir-faire et l’esthétisme ont leur propre langage et font partie des codes qui permettent de “déchiffrer” les allégories de l’oeuvre).

L’artiste est non affiliée, la photographe et journaliste non plus, les images, signées mflp, sont donc libres de droit

Posté le 11 août 2005