Exposition à décoder de Michelle Mascherpa

Le spectateur qui entre dans ce lieu toulonnais uniquement destiné à l’art contemporain peut être surpris : il avait l’habitude d’y voir des peintures-peinture plutôt "sages" et "classiques", aujourd’hui, avec Michelle Mascherpa, il se trouve en face d’oeuvres déconcertantes, inédites, créées pour ce lieu.

S’y mêlent formes entre figuration et abstraction, écritures au bord de l’écriture, matière entre transparence et surcharge, le tout gravé dans un geste urgent et sans retour... L’oeuvre, esquisses ou croquis, demande à être prolongée et terminée. L’artiste nous offre une image de départ, inachevée, au visiteur d’y apporter son propre pique-nique poético-philosophique (comme aimait le dire Morellet dès 1972...) en faisant travailler son imaginaire et en construisant sa propre architecture, au visiteur d’y jeter dans sa tête un point final. La piste offerte par l’artiste est plus ou moins claire, le visiteur terminera facilement la ligne inachevée de ce qui pourrait être une maison ou une boîte, il se forgera une histoire complète et rigolotte à partir des séquences un peu conceptuelles d’éléphants entourés d’anneaux, il aura plus de mal à bâtir une histoire autour de cette moule d’où émergent 8 lignes de force (pourquoi 8, pourquoi des numéros en désordre, pourquoi des lignes de force dans une moule, pourquoi une moule plutôt qu’une poule ou une huître ???? Mais, bon, pourquoi pas ??? de toutes façons, on est en plein dans l’imaginaire, le subconscient ou l’archétype, le surréalisme, il faut se le dire).

M.M crée sans doute dans l’urgence de l’instant, elle met sur papier une idée ou une vision fulgurante qui lui passe par la tête, cela va sans doute si vite qu’elle n’a pas le temps de finir son dessin qu’un autre flash la traverse, alors, elle offre, avec des moyens très minimes mais très percutants, des images-rébus auxquels il faut trouver une solution. Ses sujets sont éclectiques, elle parle aussi bien d’une étude d’architecture d’églises anciennes que d’une étude de fruits ou d’ éléphants...Seuls, le support et le style, où une pseudo-écriture joue un grand rôle, établissent le lien entre les différentes séries. Au spectateur de dépasser sa surprise et son désapointement possibles, de se prendre au jeu de M.M et de se forger sa propre image, ou bien, tout au contraire, comme moi, de considérer l’image comme achevée et autonome.

Posté le 26 juin 2001

Exposition : @@@ qualités plastiques certaines, oeuvre intrigante, artiste à suivre
Accrochage : @@@ vu la difficulté, mais aussi l’intérêt du lieu, l’artiste a su parfaitement l’investir
Vernissage : @ . Attitude un peu réservée de l’artiste : timidité ? buffet chiche, économies municipales obligent ! Il faut dire et répéter que l’art plastique est le seul art qui permette de se rincer l’oeil à l’oeil et en plus de se rincer la dalle aussi à l’oeil...(Et cela permet souvent aux artistes de survivre...)