“GRIS EMINENTS” À LA MAISON DES ARTS DE CARCÈS, AVEC JEAN DE MAISONSEUL, VERA MOLNAR, MARCEL ROBELIN

“Deuxième série d’expositions consacrée à la couleur pure, “gris éminents” place le gris au centre de certaines pratiques artistiques et questionne par là-même sa dimension dans l’histoire de l’art...Le gris comme méthode : inventaire des lieux, absence de toute intrusion du moi...”, nous dit Patrick Rosiu à propos de cette exposition grise et, paradoxalement, oh combien variée et riche...

Le gris, entre noir et blanc, n’est-il pas justement le lieu de rencontre de toutes les couleurs désaturées, le gris, moyen ou optique, selon qu’il s’agit de photographie ou de peinture, n’est-il par la seule référence sure, où la subjectivité d’une expression personnelle s’efface dans le silence et où tout est dit ? Si ?

Trois grands artistes ont été choisis par Christophe Cadu-Narquet pour nous donner la réponse :

Marcel Robelin, “par une pratique liée à la cendre, au recouvrement, implique le gris comme présence d’une mémoire-trace et sensation, comme pour renouer avec certaines pratiques anciennes, magiques et délivrer les ombres de leur corps...”(PatrickRosiu)

Jean de Maisonseul*, décédé à Cuers en 1999, à découvrir ou redécouvrir, nous révèle ses talents de peintre-architecte à travers une oeuvre construite et empreinte d’un pur cubisme aux gris formant volume. Son oeuvre picturale a donné lieu à une grande rétrospective au Musée Pïcasso d’Antibes en 1988. Jean de Maisonseul fit partie, avec Camus, Le Corbusier et tant d’autres, de cette génération d’artistes qui ont mis leur création au service de l’Algérie où ils ont passé une partie de leur vie engagée.

Vera Molnar, dont l’art s’inscrit dans la lignée de l’art concret ** et du computer art, est une, pour ne pas dire la, pionnière de l’élaboration d’oeuvres par ordinateur.
“Dès que l’on pense procédé informatique on est trompé par l’idée que l’usage de la machine s’oppose au sensible. Ce pourrait être vrai si Vera Molnar ne s’évertuait à introduire dans ces structures formelles (souvent à base de carré) une part de désordre. Des évènements visuels émergent de ses expérimentations qui font appel au hasard. Ils proviennent souvent d’illusions sensorielles pour ne pas dire d’optique : contraste, rémanence,...” , nous dit C. Cadu-Narquet dans un texte nommé “La géométrie du plaisir”. J’ajouterais que cette géométrie du plaisir n’est pas sans nous émouvoir lorsqu’elle donne naissance à “ses lettres de ma mère”, et que le déchiffrage de son oeuvre entière nous entraîne bien plus loin qu’on ne saurait l’imaginer...

Exposition @@@@, à voir absolument, grise, belle, sereine.
Catalogue à la hauteur de l’exposition, à savoir, gris et beau, avec textes de P. Rosiu, G. Lascault, C. Cadu-NarquetP. Manuel, L. Gaspar, avec bibliographie et chronologies, ed. Thesaurus Coloris, Carcès

Jusqu’au 10 décembre, voir le site en cliquant ICI. 04 94 04 58 05
Rendez-vous ArtsThé le samedi 26 novembre, de 17 à 19 h


* Jean de Maisonseul est né à Alger le 3 août 1912.
En 1932, il est élève de Le Corbusier lorsqu’à l’initiative de Max-Pol Fouchet, il intègre le groupe formé par Camus, Fouchet et Benisti.
En 1950, un relevé de ses constructions servira de base aux échelles de proportion de Modulor. Après le tremblement de terre d’Orléansville du 9 septembre 1954, il est chargé du plan d’urbanisme pour la reconstruction de la ville.
En 1956, il est aux côtés de Camus et Roblès dans le Comité pour la Trève Civile, dont l’appel lancé le 22 janvier restera sans suite. Ses prises de position conduiront à son incarcération le 28 mai 1956 à la prison Barberousse d’Alger. Camus interviendra pour sa libération, notamment par deux articles très vigoureux dans Le Monde.
A l’indépendance, il ne suivra pas l’exode pied-noir. De novembre 1962 à octobre 1970, il est conservateur du Musée National des Beaux-Arts d’Alger puis dirige l’Institut d’Urbanisme de l’Université d’Alger jusqu’en septembre 1975.
Il rentre en France à sa retraite. Il décède à Cuers (Alpes Maritimes) le 3 juin 1999.

**Vera Molnar participe acutellement à une exposition à l’Espace d’Art Contemporain de Mouans en Sartoux, intitulée “Le chant rythmique de l’esprit”, arts de l’islam et abstraction géométrique. Nous en reparlerons dans ces colonnes.

Les images du vernissage sont libres de droit, courtesy Maison des Arts

Posté le 14 novembre 2005