Gérard GUYOMARD

CINOCHE

Entrée libre

Gérard GUYOMARD
CINOCHE

  • Du Samedi 23 Janvier au Dimanche 28 Février 2010
  • Ouvert tous les jours sauf lundis et jours fériés de 14h à 18h30

Visites guidées possibles sur rendez-vous

  • Vernissage le Vendredi 22 Janvier 2010 à 18h

Cinoche… le cinéma dans son acception populaire, le film et sa représentation, la pellicule et les salles de quartier… le cinéma comme vecteur de souvenirs, de références, d’illusions, de mythologies. Un corpus qui, ici s’incarne dans la dimension policière, donc dans un genre, précis, répertorié, possédant son histoire, ses codes, de multiples variations sur le thème criminel et qui se décline tout naturellement pour Gérard Guyomard telle un contexte érotique. La femme fatale dans tous ses états de Et Dieu créa la femme à Basic instinct. Les peintures sont identifiées par le titre du film : Touchez pas au grisbi, Bonnie and Clyde,…………. L’écran, la toile, l’enjeu est de taille et peut prêter à confusion. Travailler pour un peintre sur l’image animée implique le plus souvent une réflexion sur le cadre, sa présence et sa force évocatrice. Le cadre, le hors champs bien évidemment, la séquence, donc la narration. Faut-il rappeler que Gérard Guyomard a été apparenté au mouvement de la Figuration narrative ? Participation qui relevait beaucoup plus de l’électron libre que de l’insertion dogmatique dans une école. Car Gérard Guyomard superpose, découpe, capte pour mieux les piéger : objets, formes et signes. Son travail s’affirme telle une réflexion pratique sur la composition. Le squelette, l’architecture, la mise en rapport, tel est son souci. Une recherche permanente du mouvement, de la troisième dimension. La démarche de Guyomard s’apparente à celle du jongleur, de l’équilibriste, de l’illusionniste même. La cohérence se révèle dans ce point nodal, cette harmonie incertaine et tourmentée propre à cet univers pictural. Il faut un aplomb certain pour peindre comme Guyomard, pour s’engager dans cette voie périlleuse et kaléidoscopique de la représentation de la vie quotidienne et de ses mythes. Un « peintre de la vile moderne », Baudelairien ! Certes, mais surtout la claire compréhension et ce, à travers tout son parcours artistique, de la prise en compte du mouvement, de la vie, irréductiblement. Le cinéma est ici, capté dans son essence, une usine aux images, telle que la définissait Ricciotto Canudo : « Le cinématographe est donc le théâtre d’une Pantomime nouvelle. Il est consacré à la Peinture en mouvement, et il présente la manifestation complète d’une singulière création réalisée par des hommes nouveaux. C’est la pantomime moderne, une nouvelle danse de l’expression ». Le cinéma devenu le Septième art ne peut renier ses origines foraines, qui se décline encore aujourd’hui dans une oscillation perpétuelle entre artisanat et industrie culturelle. Le même Ricciotto Canudo parlait déjà (en 1923 !) de « films sans images », de ces films où « par manque de lyrisme, l’émotion artistique est nulle ». L’image, le grand et le beau souci de Gérard Guyomard. L’image qui se découvre par juxtaposition, confrontation et qui aboutit à la création d’un vocabulaire pictural singulier. Peintre ou coureur cycliste ? Gérard Guyomard a hésité entre ces deux vocations. Restaurer des tableaux anciens ou peindre en totale liberté ? Les deux propositions se sont additionnées dans la vie de l’artiste. Ainsi, Gérard Guyomard se trouve à la confluence de la grande culture et de la culture populaire. Cela explique sans doute cette virtuosité et cette aisance qui caractérisent son style. Une grâce, fruit du travail d’un amour de la technique, du métier. Une inspiration qui se confond avec ses mythologies personnelles, la vie de tous les jours, les codes et les références de la culture médiatique, des mauvais genres… En ce sens, il constitue l’une des sources de la Figuration libre. Figuration narrative, Figuration libre, le travail de Gérard Guyomard s’insère pleinement dans son temps. Pour autant, il reste toujours à la marge, non dans un entre-deux incertain mais tel qu’en lui-même, dans sa singularité. Un travail où la permanence de la dissidence se décline à l’aune du plaisir de peindre. Gérard Guyomard reste un incomparable créateur d’univers, s’appropriant le réel pour mieux le restituer. Un voyeur certes, mais qui donne à voir et à comprendre.
- Robert Bonaccorsi -

Renseignements
Villa Tamaris Centre d’Art
Tél. : 04 94 06 84 00

Posté le 22 janvier 2010