Janusz Stéga : recouvrement et l’élargissement

à la Galerie La Tête L’obsidienne du Fort Napoléon, La Seyne sur mer

champignons, détail

Janusz Stega, peintre d’origine polonaise vivant dans le Nord de la France, a la patience de l’alchimiste, la curiosité du chercheur, la sensibilité du peintre et le résultat est là, à travers et sur ses toiles, miraculeux :
sa peinture passe de la deuxième à la troisième dimension et devient sculpture, sa peinture intègre nécessité du peintre et hasard des événements, et se forme elle-même, autonome, sa peinture garde et révèle les prémices voulus par le peintre, tout aussi bien que les marques du temps.

Sur un support choisi en fonction de sa capacité à révéler un motif et un relief (papier peint, planche de bois, toile...), l’artiste passe, passe et repasse au rouleau des couches d’un mélange savant (pigment+medium+dilution). Les couches successives deviennent au cours des mois, des années, strates sédimentaires, puis stalagtites, stalagmites, écorces ou motifs, selon le support. Devenant petit à petit sculpture, intégrant pigments, dilutions et hasards, absorbant l’épaisseur du temps qui s’écoule, l’oeuvre se forme.

Contrairement aux peintres actuels qui très souvent peignent dans l’urgence d’exprimer une émotion, une révolte, Janusz Stega adopte une démarche solitaire, persévérante, contemplative . Rare aujourd’hui où tout doit aller si vite, si fort. Il lui plaît d’observer la genèse lente, très lente de son art, semblable sans doute à une genèse minérale ou une genèse végétale. Il observe la réémergence, l’accroissement et l’accélération des reliefs et des motifs initiaux du support. Véritable démiurge, il connaît la fascination du créateur qui voit se former son oeuvre à force de patience et d’amour. Ses peintures-sculptures irisées, cinétiques aussi, aux nuances subtiles, parfois enfouies, changeantes, sont devant nous objets de méditation, de contemplation, d’émerveillement. La genèse, l’aboutissement, le temps qui passe y sont tout simplement inscrits. Essentiel.

Posté le 3 mai 2002

exposition @@@@ coup de coeur pour "champignons"
accrochage @@@@ aéré, propice à la contemplation zen
Photo : "champignons", détail