Vous ne saviez pas que l’arbre est né il y a 4 millions d’années, que le séquoia le plus haut du monde mesure 111 mètres, que la canopée cache un monde étonnant, méconnu, à explorer, que la forêt couvre 26,4 % du territoire français, que le plus grand massif forestier d’Europe se situe dans les Landes, mais que la forêt tropicale, le poumon du globe, est massacrée et a perdu en vingt ans 14% de sa superficie ? Vous ne savez pas distinguer un orme d’un charme, un hêtre d’un bouleau, vous ne savez pas comment est utilisé le bois ? Vous n’avez jamais entendu ni vu lutins, farfadets, korrigans, gnomes, trolls, loups garous, fées ou sorcières ?

Vous n’aviez pas saisi que l’arbre, véritable instrument d’initiation cosmique, a inspiré l’artiste depuis la nuit des temps ? Symbole à la fois de vie, (arbre de vie, arbre de Jessé, arbre généalogique), symbole de cosmos, lien entre la terre et le ciel, entre l’homme et le divin, arbre parfois renversé, rassemblant les trois éléments eau, air, feu, l’arbre fait partie de toutes les traditions culturelles, toutes les religions, toutes les philosophies, arbre mystique, cela non plus vous ne le saviez pas ? Vous n’aurez plus aucun alibi pour ignorer toutes ces choses, parce que toutes ces choses vous sont montrées, expliquées, animées dans une très belle et très didactique installation, créée par l’E.S.P.A.C.E Peiresc. Pour tous publics, des plus petits aux plus grands.

Douze artistes entrent en osmose avec l’arbre et nous proposent peintures, sculptures, photographies et installations. Devant les panneaux de bois d’Armand Avril, « on pense totem, fétiche, amulette, autant d’objets qui ont une âme et des mystères à revendre… », Eric Bourret brouille les pistes en nous proposant deux photographies rapprochées, noir et blanc, ou le micro d’un sol-humus de forêt rejoint probablement dans notre imaginaire le macro d’un cosmos loin de notre portée. Alain François, Nicolas Valabregue, sculpteurs font entièrement corps avec le bois dont ils utilisent les formes, la matière et dont ils savent violer les secrets. Rodney Graham se sert d’une camera obscura pour nous offrir cette immense image renversée de l’arbre, cette image qui a été utilisée aussi bien par l’ésotérisme hébraïque ou indien que par Dante ou le philosphe contemporain René Guénon…Philippe Jouanon, avec ses images ligneuses créées de toutes pièces sur l’ordinateur, nous emmène dans un futur où la nature rejoint ou se confond avec une réalité toute virtuelle…Samuel La Roze nous interroge sur l’avenir de notre planète avec l’image lumineuse d’un paysage urbain qui vient scier, telle une tronçonneuse, un magnifique tronc d’arbre, les peintres Mario Prassinos et Serge Plagnol nous donnent leur interprétation de l’arbre dans deux peintures monumentales, Mourad Messoubeur laisse la nature exécuter sa peinture : ses mousses et champignons recouvrent petit à petit la surface d’un gigantesque papier transparent, œuvre vivante et évolutive, où art, science et nature fusionnent totalement…, Eric Principaud et Béatrix von Conta ont su photographier la mise en scène théâtrale offerte par la nature dans laquelle l’arbre devient personnage, vivant ou mort.

Un conseil, dépêchez-vous, l’exposition est prolongée, mais plus pour très longtemps.