L’avant-garde Russe à la Fondation Maeght

En rêvant d’une activité artistique accessible a tous, Tolstoï ne pouvait espérer mieux que la Fondation Maeght pour proposer une exposition sur l’avant-garde russe des trente premières années du XXème siècle.

Lioubov Popova
Homme + Air + Espace, 1913, Musée d’Etat Russe, Saint-Petersbourg

De l’exposition (1908) à Moscou du Salon « La Toison d’or » avec Gontcharova, Larionov, Braque...à la présentation (1928) à la Galerie Tretiakov des travaux de ressortissants russes travaillant en France, ces trois décennies furent fécondes. Plus de cent cinquante oeuvres et des documents historiques - certains inédits dans cette partie de l’Europe - sont ainsi réunis à Saint-Paul pour goûter à un pan de l’histoire de l’art.

Kazimir Malevitch
Tête de paysan avec barbe noire, 1928 -H/T- 55X45,5cm, Musée d’Etat Russe, Saint-Petersbourg

Les mouvements les plus importants (Néo-primitivisme, Cubo-primitivisme, Rayonnisme, Suprématisme, Constructivisme... ajoutés à certains travaux inclassables) sont représentés grâce aux prêts des grandes institutions internationales ou d’autres, privés. L’avant-garde russe qui se lit maintenant dans les livres d’histoire succédait à cinq cents ans de carcan et accompagna logiquement les séismes qui secouèrent la Russie et ébranlèrent, comme l’horreur de la première guerre mondiale, toutes les certitudes. Et puisque les époques ne seraient à jamais figées, l’art devint acteur à part entière du développement de la société moderne. A l’écart, l’ancien empire connut une intense activité artistique, notamment à Moscou et Pétrograd (Saint-Pétersbourg), et la fin du blocus au début des années 20 propagea les différents courants. Citons Malévitch qui publia en 1910 le « Manifeste du suprématisme » en même temps que ses toiles marquaient son intérêt pour le champ théorique. A contrario, et avec ses objets en trois dimensions, Tatline posa les bases en 1914 du constructivisme bien que ce mot n’entra dans la terminologie de l’art qu’en 1920. Isolés ou inscrits dans des mouvements, ces artistes ont modifié profondément la perception que nous avons du monde.

Jamais les femmes n’avaient pu également prendre part à l’histoire de l’art avec tant de liberté, l’idéologie sous-tendue prouvant bien là sa modernité. En pointant l’utopie comme cap à des recherches conjointes et parfois opposées, cet art se voulait en effet au service de l’Homme. Par un simple recul historique, la critique de ces oeuvres ne pourra donc pas s’émanciper de cette réalité.

Ilia Machkov
Portrait de Varvara Vinogradova, 1909, H/T - 144X128cm, Galerie Nationale Tretiakov, Moscou

Encadré :
Natan Altman, Vladimir Baranov-Rossiné, David Bourliouk, Marc Chagall, Alexandre Chevtchenko, Alexandre Deïneka, Sofia Dymchits-Tolstaïa, Boris Ender, Maria Ender, Xénia Ender, Alexandra Exter, Paviel Filonov, Naum Gabo, Ivan Gavris, Natalia Gontcharova, Vassily Kandinsky, Ivan Klioune, Gustav Klucis, Ivan Koudriachov, Mikhail Larionov, Vladimir Lébédev, Aristarkh Lentoulov el Lissitzky, Kazimir Malévitch, Paviel Mansourov, Ilya Machkov, Mikhail Matiouchine, Konstantin Médounetski, Mikhail Mienkov, Alexeï Morgounov, Nadiejda Oudaltsova, Antoine Pevsner, Lioubov Popova, Jean Pougny, Kliment Redko, Alexandre Rodtchenko, Olga Rozanova, Nikolaï Souïétine, Guéorgui Stenberg, Vladimir Stenberg, Varvara Stépanova, David Sterenberg, Wladislaw Strzeminski, Vladimir Tatline, Ilia Tchachnik, Guéorgui Yakoulov

Posté le 7 octobre 2003

Fondation Maeght 06570 Saint-Paul, La Russie et les avant-gardes, jusqu’au 5 novembre 2003