"L’écorse du temps", Photographies de Béatrix Von Conta

Petit retour en arrière dans l’histoire de la photographie : il y eut les Becher, Berndt et Hilla, ces photographes allemands qui furent, dans les années 1970 , à l’origine d’ une photographie d’un genre totalement nouveau : à la fois documentaire et conceptuelle, l’image n’est plus là pour dénoncer, démontrer, ou mettre en scène un fait, une émotion, elle est là pour montrer sous un éclairage neutre, objectif, descriptif, topographique et typologique, une série d’objets de même nature : "maisons à colombages", "châteaux d’eau", "hauts fourneaux", "silos", etc.

"Commentaire", photographie noir et blanc et peinture à l’huile, 83 x 100 cm

Les séries d’images accumulées répondent à des principes de prise de vue uniformes (frontalité, lumière, profondeurs de champ, cadrages...) et sont agencées systématiquement. Elles reconnaissent aussi la perfection technique en suivant les règles fondamentales d’une photographie plastique et esthétique (format, composition, netteté, minimum de grain etc). L’esprit documentaire de ces séries provoque une réflexion d’ordre sociologique ou historique (ex : quid de ces hauts-fourneaux, transformés en somptueuses sculptures et aujourd’hui disparus pour la plupart ? ).

Aujourd’hui, au Musée d’Art de Toulon, Béatrix von Conta nous présente son dernier travail dont une partie peut être rapprochée de cette mouvance, même si le choix de l’artiste se porte exclusivement sur la nature : en photographiant systématiquement et frontalementdes coupes d’arbres et leurs feuillages, elle nous dévoile, telle une botaniste, à la fois l’aspect caché et l’aspect visible de ces arbres qui vivent dans nos régions. Les écorces et les cercles de croissance de ces arbres racontent leur histoire, l’histoire des climats, ces photographies sont un témoin du temps qui passe, de la nature qui vit, d’un environnement variable, aujourd’hui influencé par l’homme. Sortes de moulages de la nature, constats d’une situation à un moment donné, ces documents superbement présentés constituent un répertoire topographique, nous donnent à voir la beauté de la nature tout en sollicitant une réflexion sur son passé et sur son devenir.

La série de photographies intitulée "Commentaire"s’oppose à la série conceptuelle des "Sol-aire". Là, sur ces images de troncs d’arbres aux formes anthropomorphes, Béatrix von Conta donne libre cours à son imagination et à son émotion en ajoutant, d’un geste qui laisse sa marque, des aplats de peinture blanche ou noire, et ces troncs sublimés racontent alors une toute autre histoire, celle de corps rugueux et plissés qui s’étirent dans une sorte de danse fossile.

Béatrix Von Conta, née à Kaiserslautern, en Allemagne, vit et travaille au Castellet, son travail est présenté par la galerie Le Réverbère de Lyon.

Posté le 26 février 2002

Exposition @@@ et @@@@

Accrochage et installation @@@@@
Au Musée d’Art Toulon - jusqu’au 04 mars