Les aquarelles savantes de Pierre Fredier intègrent à la fois l’art de l’arabesque issu de l’art islamique, l’art du mandala, l’optical art dont Vasarely fut l’un des précurseurs, et enfin l’art concret, adopté par les constructivistes, les conceptuels, et tous ceux pour qui mathématiques, systèmes ou processus sont les composantes essentielles d’une expression.

Mais, contrairement à ces artistes qui choisissent généralement la sérigraphie, la gravure ou le dessin sur ordinateur comme médium, Pierre Fredier utilise l’aquarelle. Pierre Frédier est peintre, extraordinairement méticuleux, certes, mais peintre à part entière. Et toutes ces couleurs s’entremêlent, se combinent, s’opposent violemment à travers le motif, et l’admirable précision des traits et des aplats n’empêche pas le hasard de l’aquarelle d’ajouter douceur, nuances, traces.

L’objectif de l’artiste n’est pas de s’arrêter à une oeuvre décorative, mais, bien plus, de nous donner à voir de véritables mandalas, à l’instar des mandalas indiens où les éléments graphiques et les couleurs contribuent à une représentation symbolique du cosmos ("mandalas"). Ou bien le chaos ("décomposition"). Ses peintures sont des supports possibles pour une méditation visuelle. Prenons le temps de les décoder.

Oui, il s’agit de peinture. Oui, il s’agit de construction. Et les deux s’opposent et se complètent à la fois et me font penser aux artistes de la Renaissance qui surent si bien marier la science (le plus grand apport ayant été la perspective, le nombre d’or, les lois de la composition), la technique (avec la découverte des pigments et de la peinture à l’huile sur toile) et l’art (où la sensibilité du peintre et celles du spectateur se rencontrent).

Et on n’a certainement pas fini de parler de Sciences et Art, les nouvelles technologies (ordinateur, video, web...) sont des instruments d’une puissance extrême qui engendrent actuellement une nouvelle forme d’art. A suivre, tout comme l’oeuvre de Pierre Fredier.

Photographie mflp, © Pierre Fredier