"LA PEAU DES MURS", ART PARIÉTAL CONTEMPORAIN, À L’E.S.P.A.C.E PEIRESC DE TOULON

E.S.P.A.C.E Peiresc de Toulon nous propose à partir du 6 octobre une double exposition : "Les Magdaléniens, derniers chasseurs de la préhistoire", exposition pédagogique, et "La peau des murs, art pariétal contemporain", exposition d’art réunissant 9 créateurs contemporains. Ces deux expositions s’articuleront autour du thème de la peinture murale.

Le vernissage aura lieu le mercredi 5 octobre à 18 h30. L’exposition se tiendra du 6 octobre au 4 février à l’ESPACE PEIRESC, entrée rue Corneille, pour tout renseignement, tel 04 94 91 67 11

JEAN-NOËL LASZLO, COMMISSAIRE DE L’EXPOSITION, NOUS COMMUNIQUE LE TEXTE SUIVANT :

Mur de Speedy-Graphito

Le Magdalénien (fin du paléolithique supérieur) se distingue des périodes antérieures principalement par l’apparition de l’art dont les fameuses peintures pariétales (Altamira, les Combarelles, Font-de-Gaume, Chauvet, Cosquer, etc.) sont l’une des formes. Pour le préhistorien Denis Vialou, l’art était la langue préhistorique :
“ L’art c’est une langue commune avec des différences pour chaque groupe. ”

Dans un certain continuum, la paroi, puis le mur n’ont cessé d’être un support technique et utilitaire de l’œuvre, quelles que soient les civilisations.

Parmi la multiplicité des pratiques et des approches créatives relatives à cette thématique, notre objet est de proposer quelques exemples significatifs de l’art “pariétal” contemporain. Elles sont souvent liées à la ville, au monde urbain et d’aucuns vont même jusqu’à les qualifier de “street art” .

Dans ce régistre, on distinguera une approche qui s’inscrit dans une tradition politique de critiques satiriques comme avec les affiches de Klaus Staeck, et une approche plus sociale qui illustre un mouvement de révolte : le graffiti. Le Mur de Berlin, frontière emblématique entre l’Est et l’Ouest, fut le support privilégié de cette pratique qui ne laissa pas insensible un certain nombre d’artistes dont Peter Klasen ou Michel Hosszù. C’est dans les années 70 que l’on découvre Outre-Atlantique le graffiti moderne : le tag ; il répond au besoin de laisser sa marque dans un espace urbain anonyme et inhumain.

Dans les années 80, de jeunes artistes new-yorkais s’intéressent à leur tour à cette pratique populaire et investissent l’espace public mais de manière plus créative (Keith Haring, Rhonda Zwillinger, Jean-Michel Basquiat). Arrivée en France, cette démarche apparaît tout d’abord sous la forme de pochoir ou de signes dont la répétition permet d’identifier l’auteur : Speedy-Graphito, Surface Active, Jérôme Mesnager, etc.. Les affiches de Klaus Staeck, quant à elles, ont, dès 1969, le mordant de son aîné dadaïste John Heathfield qui dénonçait avec ses photomontages le pouvoir nazi. Elles sont conçues en fonction de et pour l’espace urbain. Si l’artiste allemand questionne le politique avec ses affiches, certains protagonistes du Nouveau Réalisme, les Affichistes Raymond Hains, Jacques Villeglé, François Dufrêne ou Mimmo Rotella utilisent l’affiche comme matériau de l’art. Il ne s’agit plus d’apposer une affiche sur le mur mais à l’inverse de prélever la “peau des murs” .

Si le matériau est commun à tous, les styles et les “choix” diffèrent. Comme ses aînés du Nouveau Réalisme, Max Charvolen travaille à la surface du mur ; il interroge le bâti ; l’artiste nous propose une sorte de topographie picturale où le lieu est investi, recouvert par la toile puis remis à plat et exposé. Le champ esthétique intéresse aussi la démarche de Tony Cragg. L’acte premier du sculpteur anglais consiste à récupérer divers objets et détritus qui serviront comme autant d’éléments de recyclage à l’élaboration de ses oeuvres. Qu’elles soient murales ou posées au sol, ses oeuvres cherchent à questionner le spectateur sur son rapport aux objets. Ici, l’œuvre, c’est à dire les différents objets qui la constituent, est indissociable du mur qui les soutient.

Quelle que soit la démarche de ces artistes, qu’il relèvent du politique ou de l’esthétique, le mur a toujours exprimé la présence de l’homme et l’expression de sa vision du monde.

J.N. Laszlo

photographie libre de droit et texte courtesy ESPACE PEIRESC et JN LASZLO

Posté le 29 septembre 2005