Laure Maternati

[Deux minutes trente-sept de silence] expérimentation # 1 Barjols et ses environs

Les recherches artistiques de Laure Maternati se concentrent autour des êtres dans leurs rapports au temps et à l’espace, à la lisière de l’intime et du public, du singulier et du commun. Les conditions de la présence et ses manifestations, et les possibilités de transformation individuelle et collective.

Durant 2 mois de résidence, Laure Maternati va travailler autour de l’élaboration d’un nouveau rituel contemporain. Travailler c’est à dire rencontrer, parler, échanger, pour tenter de réunir une communauté qui s’ignore, le temps d’un silence.

"Dans le cadre d’un post-diplôme aux Beaux - Arts de Lyon en 2000 , lors d’un voyage d’étude des formes de transmission et des lieux de mémoire en Israel et Palestine, j’ai été frappée par trois choses : la mer morte, un lac articiel sur le plateau du Golan, et la Minute de silence qui commémore, tous les 2 mai, la Shoah. J’avais déjà pensé à instaurer un rituel contemporain laïque qui avoue la communauté plus qu’il ne la divise. Voir les corps saisis, éprouver l’immobilité et le silence parmi et avec les autres, m’en a confirmer l’intêret, et la nécessité.

Cependant cette forme de commémoration focalise sur un évènement tragique, passé ou présent (la minute de silence du 11 septembre 2001). Elle peut soulever des réticences, voire des clivages idéologiques, et occulte le futur, avec sa dimension d’espoir et d’utopie. De plus une minute est un temps qui me semble trop bref pour ressentir pleinement cet état. Ma proposition est donc de faire deux minutes trente-sept secondes - format standart des chansons diffusées à la radio- de silence par an, à une date qu’il reste à déterminer pour chaque ville (cela fera l’objet d’une discussion avec les autorités et les habitants), le choix n’étant bien sûr pas anodin. Par contre libre à chacun et chacune de penser à ses propres évènements ou aspirations, de participer ou non.

Il y a à penser à un signal sonore, audible par tout le monde où qu’il se trouve à ce moment là, pour marquer le début et la fin du rituel. Ce signal pouvant être une création spécifique à chaque ville en fonction de son environnement sonore habituel. Après le rituel je souhaite recueillir des témoignages de participants (ce à quoi ils auront pensé, ce qu’ils auront ressenti). Ces paroles et images pourront faire l’objet d’une publication papier et/ou audiovisuelle."
Laure Maternati, note d’intention, décembre 2006

Posté le 21 février 2007