« Le nombril du monde », un nouveau polar de René Merle.

Les polars d’auteurs toulonnais ne sont pas si fréquents. Il convient donc de saluer celui de René Merle qui, lorsqu’il ne produit pas les très sérieuses études de l’historien qu’il est, s’amuse, et nous avec, à traquer le crime et la perversion. Parmi sa production, on signalera aux amateurs, au titre des romans toulonno-toulonnais « Opération Barberousse », publié en 2001. Cette fois, avec « Le nombril du monde », il nous emmène bien plus loin, précisément à l’Ile de Pâques.

C’est l’histoire d’un dessinateur de BD à succès qui, à la suite de l’assassinat de son frère, entreprend une enquête qui le ramène à Toulon, sa ville natale. Les nécessités de la recherche nous font pénétrer les milieux du rugby ( à Toulon, comment y échapper ?), mais surtout nous font voyager dans le Pacifique grâce aux messages qu’il échange par internet avec son amie Ruth. Comme les préoccupations politiques et sociales de l’auteur ne sont jamais absentes, cette Ile de Pâques, possession du Chili, nous permet de nous remémorer le drame vécu par le Chili il y a trente ans.

Cette façon de mener l’enquête par web interposé finit par communiquer au lecteur une espèce de vertige car il ne sait plus très bien s’il est dans le réel ou dans le virtuel. Mais la magie fonctionne de la même façon que lorsqu’on se trouve devant le spectacle d’un illusionniste et qu’on se dit : il y a un truc, mais c’est bon de marcher. En tout cas, le dépaysement fonctionne. Ceux qui ont vécu dans le Pacifique ont le sentiment d’y revenir, et ceux qui n’y ont jamais mis les pieds ont le plaisir de la découverte. Une fois tournée la dernière page, on a l’impression qu’il va falloir quelques heures pour digérer le décalage horaire.

« Le nombril du monde », Editions L’Ecailler du Sud, 6,50€.

Posté le 12 octobre 2004