Maximum Kouette, c’est chouette

Rencontre avec un groupe charmant et concert énergique.
Interview + Concert

Maximum Kouette, c’est un groupe né il y a une dizaine d’années à Paris et composé de 4 filles : Paka et Gen pour les guitares, Sister Moon au chant et Coxs à la basse.

Depuis, 400 concerts, 2 albums, le renfort de 3 petits gars motivés il y a bientôt 4 ans : Ben à la trompette, Marco au Sax et David à la batterie (la « Drum’n Bass Crew ») ; une intégration réussie, grâce notamment "aux côtés féminins des garçons, et inversement"... Et une jolie petite réputation de groupe de scène, où leur style musical autoproclamé fait merveille : le RUNK, un concept fourre-tout où elles avouent caser en vrac du punk, du reggae, de ragga, du rock ... et qu’elles définissent surtout comme "une influence pour l’esprit".

A propos d’esprit justement, est-ce bien sérieux pour l’entreprise France - qui doit se remettre au travail ne l’oublions pas - de "révendiquer un style de vie épicurien et nonchalant, et même paresseux" (dans la dossier de presse ....). La fin de la récréation n’a-t-elle pas enfin sonné ? Quel exemple donnent-elles à la jeunesse de notre pays ? Comment le Maximum Kouette compte-t-il contribuer à la croissance nationale ? Bon, leur potentiel tube, "C’est promu", est un hymne à l’arrêt de la picole ; c’est déjà ça. Moins sérieusement, elles revendiquent un style de vie qui leur plaît : "On aime bien rencontrer de nouvelles personnes, on aime bien manger, on aime bien boire. Mais on n’est pas paresseux ...".

Et elles ont plutôt commencé par bouffer de la vache enragée : au RMI pendant 7-8 ans, les filles du groupe n’ont pu accéder au statut d’intermittentes il y a juste 2 ans. Statut qu’elles considèrent devoir changer, mais pas franchement dans la direction prise par le récent accord, béni par le gouvernement. Mais toute leur période de galère leur a permis de se construire : 6 ans pour sortir le premier album "Lundi, je m’y mets" et une professionnalisation progressive. Puis un morceau sur "It’s a frenchy reggae party 2", qui a accéléré les choses, mais sans modifier l’esprit du début. Elles sont alors signées sur le réputé label/distributeur indé Small Axe et participent à un certain nombre de compils, dont une contribution remarquée à l’album de remix de la Mano Negra, avec la délicieuse chanson "Out of Time Man". "On a fait le choix de l’indépendance, pour faire ce qu’on veut, être libres et pas être arnaquées par les grandes boîtes de production. On n’est pas contre le fait de signer sur une major, mais on ne court pas après ; pareil pour la télé, on part du principe que c’est un bon moyen de faire voir autre chose, même chez Drucker".

Ouverture d’esprit, curiosité, textes en français mais aussi en anglais et espagnol, c’est tout naturellement qu’elles sont aussi bien accueillies par le public en France qu’à l’étranger, avec notamment un super concert en Allemagne. Leurs influences sont nombreuses et la play-list de leur camion de tournée, consultable sur leur site, peut être conseillée comme base toute CDthèque qui se respecte : The Clash, Bob Marley, The Stooges, Nirvana, la Mano Negra, les Pixies, LKJ ... Ce qu’elles écoutent en ce moment ? Gorillaz, pour le mélange des genres, de la musique cubaine ; les Wampas pour l’état d’esprit ; les Superpreachers ; Orishas, rap espagnol plébiscité par Ben ; ou encore Les Fils de Teupuh et Marcel et son Orchestre ... Décidément, un groupe fort sympathique ...

Sur scène, on retrouve leur enthousiasme, et le plaisir de jouer ensemble est palpable. Bien qu’elles ouvrent la soirée devant un public qui finit d’arriver, elles enflamment vite la scène : les 4 filles sur le devant, les 4 mecs à l’arrière (suite au renfort d’un instrument qui doit être un trombone). Sister Moon est entourée à sa droite de Gen à la guitare plutôt rythmique et Paka, à sa gauche, à celle plutôt solo, avec des sons à la Joey Santiago, singulier et génial guitariste des Pixies (le plus grand groupe de rock de l’univers de l’année 1989 avec l’album Doolittle, rappelons-le).
Les titres s’enchaînent avec efficacité et bonne humeur, Ben le trompettiste sautillant s’invite au chant sur "Fake", titre rap-ragga-péchu, l’ambiance dans le public - et parfois sur scène - est maintenue, si besoin était, par Micky et Mafalda, fidèles suiveurs des tournées du groupe et sortes de rugbymen travestis et dézingués. Le morceau "Je t’aime pas", habituellement et paradoxalement dédié à ceux qu’elles aiment, est pour le coup adressé en toute logique aux promoteurs de la casse du statut des intermittents ; auparavant, pendant 10 secondes, elles nous offrent un spectacle sans intermittents : silence, pas de lumière, rien ...
Fin, déjà ! du concert avec des morceaux toujours aussi réjouissants, dont un dont le titre, ou au moins le refrain, est un déterminé "I don’t give a fuck", avec des grosses guitares et un son énorme.

Bref, des chansons qui débordent d’énergie et de charme, un groupe sympathique et abordable, un concert euphorisant, une démarche militante et festive. Chaudement recommandé.

Stéphane, pour Yaquoi.com

Posté le 14 septembre 2003