Peintures de Marek Szczesny à l’Hôtel des Arts de Toulon

Même si l’artiste le nie ou s’en défend vivement, sa peinture peut apparaître d’emblée très fortement liée à un lieu géographique et géopolitique : la Pologne qui l’a vu naître, vivre, souffrir.

"Chemin", 2000, huile sur toile, bois, 232 x 340 cm

Ces couleurs sourdes, à base de bruns, gris, noir et blanc, sans réel contraste chaud-froid , ces élans de rage ou de révolte exprimés par de larges coups de pinceaux rapides, rigides, anguleux, ces multitudes de couches superposées, formant une sorte de grille et s’enfermant les unes les autres, ces collages de matériaux pauvres, au bord du déséquilibre, ces manques, au bord du vide, ces hauts de tableaux pesant, écrasants, évoquent peut-être les beaux paysages d’automne dans un pays que l’on imagine montagneux, sombre et neigeux à la fois, glacé même, ils peuvent également évoquer les drames et les vécus d’un pays prisonnier d’une guerre puis du carcan d’un système politique totalitaire.
Le côté sombre de la condition humaine du vingtième siècle.

De même que Kiefer ou Strindberg figuraient la tourmente humaine à travers une palette obscure et sans ciel, de même, Marek Szczesny, à travers une peinture qui oscille entre figuration et abstraction (le débat ici n’a ici plus de sens), nous emmène dans un univers mental fait de paysages tragiques. Sa peinture expressionniste nous émeut au plus profond de nous-même, nous bouleverse, nous plonge dans une réflexion qui dépasse l’anecdote de l’histoire factuelle, vers une méditation d’ordre existentiel : où est le véritable chemin de l’homme dans cet entrecroisement de chemins, de barrières, d’obstacles, où se trouve son horizon, où trouver l’éclaircie vers un ciel pour l’instant indiscernable, vers quel gouffre ou quel sommet nous conduisent ces grandes traverses parallèles ?

Mais tout cela, ce ne sont que des mots, subjectifs et dépendants de ma sensibilité, laissons parler la peinture, la vraie peinture, laissons-la nous atteindre directement dans le tréfond de nous-même. Très puissant, percutant, à condition de ne pas s’arrêter à la surface des choses, mais d’entrer dans ses méandres et ses profondeurs.

Posté le 27 mai 2002

Photographie : "Chemin", 2000, huile sur toile, bois, 232 x 340 cm
Catalogue édité par l’Hôtel des Arts et le Conseil Général, au prix de 16 euros

Marek Szczesny, né en 1939 à Radom (Pologne), vit et travaille à Paris depuis 1980 et expose dans le monde entier.

du 17/05 au 23/06/2002