Robert Plant brought us to heaven

Led Zeppelin www.led-zeppelin.com fait partie de ces groupes légendaires comme seules les années 60-70 ont su faire éclore. Leur dernier opus en date How The West Was Won (coffret de trois CD live) délivre le nectar de ce quartet divin. Jimmy Page y mérite plus que jamais le surnom de « Stravinsky de la guitare », John « Bonzo » Bonham laisse aller sa fureur et son sens puissant du rythme à la batterie, John Paul Jones tient son monde avec sa basse, et Robert Plant déploie un lyrisme céleste. - C’est joliment dit, non ?

Voilà plus de vingt ans que Led Zeppelin n’est plus. Bonzo est mort en septembre 1980, et le groupe n’y a pas survécu. Depuis, Jones se fait discret malgré des activités talentueuses de producteur-arrangeur. Page et Plant poursuivent l’aventure chacun de leur côté, à l’exception de la tournée Walking into the Clarksdale en 1998 (au cours de laquelle ils étaient passés par Toulon, concert extraordinaire !).

Ce soir, Robert Plant www.robertplant.com est seul. Ou plutôt entouré de Strange Sensations, un groupe formé par des musiciens somme toute honnêtes : Justin Adams (guitare et ukulélé), Charlie Jones (bassiste), Porl Thompson dit « Skin » (guitare), John Baggot (clavier), Clive Deamer (batteur, excellent selon les propres dires de l’ancien directeur du magazine Drums présent au concert).

On le sent tout de suite : le public est venu pour lui, que ce soit l’ancien chanteur des Led Zep’ ou l’auteur soliste de Dreamland (sorti en juin 2002). La fosse et les gradins sont pleins. Sur scène, quelques barrettes d’encens embaument l’air, les cinq musiciens prennent place… Mister Plant arrive. Le premier morceau, certainement une reprise de John Lee Hooker (désolé je manque d’acuité musicale), donne la tonalité de ce qu’est aujourd’hui la musique de Plant : un mélange ingénieux de blues et de mélodies orientales. La voix n’a pas changé : elle est restée sensuelle et animale, et permet à ses musiciens de déployer leurs immenses talents ainsi qu’un énorme son.

Robert Plant a une présence sur scène prodigieuse. Il paraît calme et détendu, n’hésitant pas à plaisanter, en français s’il vous plaît, avec son public, ni à égratigner à plusieurs reprises Tony Blair. Oui ! nous sommes mieux « ici qu’à Birmingham », mais il nous aurait dit l’inverse à Birmingham qu’on aurait été d’accord aussi. Plant sait reprendre des classiques en innovant de telle manière qu’il éclot une chanson neuve ; rien à voir avec l’ancienne pierre qui roule. C’est ainsi que« The Girl from the Nothern Country » de Dylan laisse tout le public abasourdi. Dansant à l’andalouse sur « Hey Joe » à la fois hard rock et oriental, rugissant sur un « Ramble On » heavy metal, assis pour la ballade « Going to California », non vraiment, le mythe est réalité (et réciproquement).

« Baby I’m gonna leave you » : la fin du concert approche. Le public n’aura pas droit à un rappel. Le grand Robert a dépassé son temps de parole et le petit (par la taille) Jean-Louis attend son tour pour monter sur scène.

Dans les backstages, l’ambiance est tendue : la sécurité est sur les dents, l’organisation du festival n’est pas satisfaite du retard accumulé depuis le début de la soirée, et Plant a tenu absolument à faire son show en intégralité. Heureusement, les spectateurs n’ont pas accès à l’envers du décor et peuvent rester subjugués par ce grand monsieur du rock à qui, une fois de plus, nous disons : « Thank you ».

Les questions auxquelles Robert Plant s’est dérobé et auxquelles Yaquoi a répondu à sa place :

Yaquoi : Votre voix au sein de Led Zeppelin était presque sexuelle (je pense particulièrement à « Dazed and Confused »). Comment définiriez-vous celle-ci maintenant que vous jouez au sein de votre propre groupe ?
Robert Plant : Oh vous savez à mon âge, c’est vrai qu’elle n’est plus très sexuelle. Mais sensuelle, oui.

Y : Considérez-vous votre voix comme un instrument de musique ou bien comme un moyen harmonieux destiné à porter un message ?
R.P. : Les deux.

Y : Vous avez toujours été influencé par les musiques orientales et en même temps par le blues. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
R.P. : C’est le côté exotique du truc, ça permet de sortir du ronron d’un rock stéréotypé.

Y : Les chansons que vous interprétez ne sont pas toutes de votre composition. Comment choisissez-vous vos reprises ? Est-ce que ce sont des chansons qui vous ont marquées il y a longtemps ou des chansons actuelles ?
R.P. : Ce sont des chansons anciennes qui ont une sonorité toute actuelle. Leur point commun ? Elles font à chaque fois surgir des paysages dans mon esprit.

Y : Pouvez-vous nous parler de votre groupe Strange Sensations ?
R.P. : Non.

Y : Récemment, Jimmy Page a produit How The West Was Won. Quelle a été votre contribution à cet album ?
R.P. : Comme d’hab’, j’ai organisé les repas. Je connais pas meilleur que des jeunes femmes plongées dans un bain orgiaque de flageolets.

Posté le 17 août 2003

Festival des Voix du Gaou 2003
Nota Bene : l’interview est totalement imaginaire, la star n’ayant pas accordé d’entretiens aux journalistes.