"Tentative d’épuisement des lieux", vidéo de Marie Maquaire

Au Fort Napoléon
Il est toujours difficile de parler de l’art vidéographique, puisqu’il s’inscrit dans la durée et le mouvement. Imaginez un triptyque de films se réroulant, s’enchevêtrant, s’imbriquant, se prolongeant ou se heurtant.

D’un train en marche, Marie Maquaire filme en travelling la traversée de la mégapole de Berlin Est avec ses immeubles, blocs aux fenêtres aveugles, ses vides, ses touches de verdure. En jouant d’un effet miroir, elle en restitue un horizon continu, gomme la présence humaine, ajoute une impression de reflet sur un lac factice, puis exécute un montage numérique de trois copies en boucle, en décalage dans le temps. Un film d’une heure, qui, grâce à ce décalage aléatoire, ne donne jamais deux séquences semblables.

Et le spectateur, car il s’agit d’un spectacle nomade à travers une ville devenue abstraite, fictive, se trouve confronté à une sorte de maquette architecturale, où présent et futur, réalité et virtualité, humain et déshumanisé, fixé et mobile se mêlent étroitement. N’est-ce pas le devenir sournois de nos villes qui s’esquisse ici ? Ou bien serait-ce plus simplement un jeu de construction sans fin où l’oeil vagabonde en cherchant des solutions improbables ? Ou encore une tache de Rorschach archétypique des temps modernes à laquelle chacun apportera son interprétation ? Quoiqu’il en soit, il s’agit d’une oeuvre surprenante, inédite, que seule une technique vidéonumérique parfaitement maîtrisée peut produire. Artiste à suivre attentivement, elle nous promet certainement d’autres belles surprises... Elle se promène dans d’autres villes du monde entier pour nous rapporter ses étonnants carnets de voyage, traces d’impressions fugitives et révisables.

Née en 1974 à Aix, Marie Maquaire travaille et vit actuellement à Paris, elle est lauréate du prix Louise Baron Elstir 2000. Jeune diplômée d’art, elle a déjà à son actif de nombreuses expositions et a participé à plusieurs tournages de courts-métrages. La valeur n’attend pas le nombre des années...

Posté le 24 mai 2002

Exposition @@@@
Au Fort Napoléon, jusqu’au 31 mai