Virée nocturne de Benoît Tranchant, une exposition sur la Ville

La ville, la nuit ? nous la vivons ou l’imaginons souvent comme inquiétante, pleine d’ombres mystérieuses, de lumières glauques et verdâtres, d’enseignes lumineuses agressives, de vides désespérants, de solitudes ou de violences cachées, de fantômes furtifs.

Benoît Tranchant, lui, nous propose une image différente, réconciliante. Sa peinture nous plonge dans une ville humaine, même si l’homme n’y est pas figuré, une ville sombre mais chaleureuse, percée de lumières flamboyantes, de fenêtres suggérant les foyers familiaux.

Les rues sont vides ? non, quelques voitures passent, ou sont sagement rangées, la voiture devient le symbole de l’humanité, elle acquiert une âme, tout comme le pont, là-bas au fond, le feu de signalisation qui ponctue le temps, ou ces deux pompes à essence devenues de véritables personnages en conversation, ou encore les lampadaires urbains qui offrent leur lumière orangée, la croix de la pharmacie qui nous porte son secours, ou enfin les vespas qui attendent sagement. L’humanité est là, présente, dans les objets, derrière les murs, dans la lumière, elle est d’autant plus présente qu’elle n’est que suggérée, symbolisée, déléguée. Tout est mis en place pour nous raconter une histoire, notre histoire noctambule dans la ville, ou ce qui pourrait être notre histoire noctambule dans la ville, reposante, en attente de l’agitation diurne. Le temps s’est arrêté là, dans cette ville aux couleurs de coucher de soleil, avec cette pointe de nostalgie qui glisse ses reflets sur le macadam sombre et humide.

Et d’où vient cette impression d’une urbanité protectrice ? La palette chaude et contrastée du peintre, du jaune le plus lumineux au rouge le plus ténébreux, les traits de pinceaux fulgurants, sans détour ni retour, transparents, la composition simple, allant vers l’essentiel, tous ces ingrédients, dans un style entièrement personnel, nous plongent dans une atmosphère atmosphère à la fois poétique et figurative.

Benoît Tranchant est totalement peintre-peintre, il parvient à nous faire partager sa tendresse pour La Ville. Qu’elle se dénomme Paris n’est que subsidiaire.

La peinture de Benoit Tranchant avait été découverte en 1992 à Mac 2000 par Daniel Chouchana et programmée de son vivant. Ce n’est pas sans émotion que nous nous souvenons de sa passion pour l’art contemporain et de son désir de partager sa passion. Merci Daniel pour cette magnifique exposition.

Posté le 2 octobre 2002