C’est jusqu’au 28 juin, à la Galerie du Garage, à Lorgues, c’est un événement du réseau d’artistes c’est bien parti et cela s’appelle " EX POSITIONS EXQUISES"
Rappel : le jeu des cadavres exquis, inventé par les surréalistes,
"consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu’aucune d’elles ne puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes".
" Bien que, par mesure de défense, parfois, cette activité ait été dite, par nous, « expérimentale », nous y cherchions avant tout le divertissement. Ce que nous avons pu y découvrir d’enrichissant sous le rapport de la connaissance n’est venu qu’ensuite. » dirent Yves Tanguy, Marcel Duhamel, Jacques Prévert, Benjamin Peret, Pierre Reverdy, André Breton, Max Ernst et Frida Kahlo, les inventeurs de ce jeu.
La première phrase qui résulta et qui donna le nom à ce jeu fut « Le cadavre – exquis – boira – le vin – nouveau ».
Aujourd’hui, invités par la galerie le Garage de Lorgues, quatre artistes plasticiens ont joué entièrement le jeu en créant chacun une oeuvre in situ supposée continuer la précédente, totalement masquée. Résultat : ils nous proposent une installation cohérente en quatre parties reliées entre elles par un"fil conducteur" tout à fait décelable. Etonnant.
Le soir du vernissage, avant le dévoilement, de grands panneaux blancs masquaient les oeuvres, seuls apparaissaient les liens censés les réunir : un fil de nylon, un fil noir, une main portant un petit miroir rond. Puis, vint le dévoilement : tour à tour, dans le sens des aiguilles d’une montre, Françoise Rod, Valérie Morraja, Jean-Louis Paquelin, Madeleine Doré retiraient les couvertures... Et les spectateurs, délicieusement et silencieusement esbaudis, purent se rendre compte que le hasard faisait bien les choses ou, plus encore, qu’une mystérieuse ou mystique intuition avait relié ces quatre artistes dans leur production : une nouvelle histoire était née.
- Françoise Rod, le wagon de tête, présente une oeuvre immatérielle, lumineuse, très poétique, incitant au rêve, faite justement de fils de pêche de nylon délicatement tressés diffusant une lumière irréelle. Seul dépassait un bout de fil.
- Valérie Morraja s’en est emparé et l’a relié à un fil de coton plus grossier, noir, auquel elle a donné un trajet structuré illustrant, sous la forme de graphique informatique d’un process scientifique, le fil d’une pensée créatrice. Dépasse un bout de fil noir.
- Jean-Louis Paquelin met le bout de fil dans la main d’un improbable dieu à plusieurs bras, avatar du dieu antique hindou Shiva et d’un dieu contemporain, le "Monstre en spaghetti volant", adoré aujourd’hui par les créationnistes pastafaristes... Fil de la pensée religieuse au fil du temps, symboliquement suggéré à travers les spaghettis, la bière et une écriture informatique qui dessine les contours de ce dieu improbable. Dépasse une main portant un tout petit miroir rond.
- Madeleine Doré s’empare du petit miroir et en incorpore plusieurs dans un grand montage photographique, superposition d’un patchwork d’images des murs de la galerie et d’un croquis en filigramme d’un yogi traversé par des flux d’énergie désignés par une écriture sanskrite. Le tout renvoyant, par ces petits miroirs situés sur les points d’énergie du personnage, l’image de la galerie et notre image, la vie, l’énergie ici et maintenant.
Et nous voilà devant une histoire nouvelle qui nous mène d’une pensée onirique "infravisible" à une pensée créative scientifique exacte et algorithmique, d’une pensée scientifique à une pensée religieuse, et d’une pensée religieuse sur la création du monde à une réflexion sur un monde fait d’énergies, et la boucle est bouclée, par une connivence intuitive... issue de l’inconscient, si cher aux surréalistes. Oeuvre collective étonnante, née de quatre oeuvres individuelles totalement indépendantes par le sens et le medium utilisé. Pari original totalement convaincant et réussi.
Marie-Françoise Lequoy-Poiré, alias MFL
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Françoise Rod : possède un doctorat en Esthétique, Sciences et Technologies des Arts de l’Université. Loin de la production d’objets, elle explore le fait de percevoir dans un contexte donné. Ses interventions et installations, symboliques et ludiques, sont en prise directe avec le contexte.
Valérie Morraja : sa formation technique à l’Université de Nice et artistique à la Villa Arson lui permet de rompre les barrières entre les deux domaines. Elle joue de cette double compétence pour plier art et science selon un motif complexe et original. Si son travail artistiques est bien d’inspiration technologique, il est réalisé selon des procédés issus de longue tradition (broderie et couture).
Jean-Louis Paquelin est intéressé dès l’âge de 7 ans par la recherche. Mais c’est à 12 ans qu’il découvre le sujet qui l’occupera jusqu’à aujourd’hui, l’intelligence extraterrestre. Il poursuit des études d’informatique qu’il conclut par une thèse sur le traitement automatique des ambiguïtés du français. Il est actuellement en poste à la Villa Arson à Nice.
Madeleine Doré
Artiste québécoise, elle développe une approche de l’art en situation nomade. Le processus de création et le choix des matériaux se développent en rapport avec l’identité du lieu à intérioriser, à habiter de façon provisoire. Elle assemble, transforme, construit et donne forme à de nouveaux modes d’existence de l’art.
2, place Auriol, (au dessus de la place du Révelin)
ouvert du jeudi au samedi de 10h30 à 13h et de 17h à 19h30
06 50 66 39 98
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