" PLIS ", exposition à la Galerie Sabine Puget, Fox Amphoux

Cet été, l’art est partout présent dans le Var, et plus particulièrement sans doute dans l’arrière-pays, avec des thèmes différents : nous avons déjà cité "Paysages", à artmandat, Barjols, "La ligne", à la chapelle du vieux village de Fox-Amphoux, sans oublier "Arbres", à la galerie Le Garage à Lorgues.

Aujourd’hui, citons la galerie Sabine Puget qui nous propose cette année une exposition sur le pli. Sous ce thème, Sabine Puget a su réunir dans son magnifique lieu les oeuvres d’une dizaine d’artistes, parmi eux de grandes figures de l’art moderne tels que Hantaï ou Degottex, une figure de la peinture et de la scénographie telle que Jean Pierre Schneider, et de jeunes artistes contemporains déjà confirmés tels que Turpault ou de Meurville.

Reprenons le dossier de presse :

..." Pourquoi le pli et ses avatars ?
Parce que le pli, par excellence polymorphe, n’en finit jamais de s’étendre à tous les domaines du visuel et de l’invisible et ce depuis la nuit des temps.
Savant, il sculpte l’apparence, devient parure, ornement, draperie ; il est
symbole de pouvoir, de beauté, de luxe, il fascine la matière qu’il modèle au gré de l’imagination des artistes et de leurs caprices les plus fous. Il s’adapte à la condition qu’il habille, à l’image désirée par le commanditaire, homme d’Eglise, roi, courtisane, il caractérise l’air du temps, la mode, il expose la façon d’être au monde.

Rien ne lui échappe non plus de l’usure, de la misère, de la vieillesse. Il perd sa superbe, il se chiffonne, devient amas, se creuse et s’encrasse. Il devient lourd de la poussière du temps, perd ses couleurs et nous fait frissonner.
Lorsque le pli se replie il se métamorphose, il passe de l’apparence à ce qui des âmes et consciences se cache et se tait. Il change d’état, ce grand communiquant prend le parti du silence, met à l’abri nos tourments et turpitudes, nos jardins secrets, il enveloppe ce qui échappe aux regards.
L’art contemporain froisse plus qu’il ne plisse, le pli n’a plus aujourd’hui de rôle social. Il s’utilise comme solution formelle à une nécessité abstraite, esthétique ou plastique. Aujourd’hui, l’exigence du savoir faire et la patience qui va avec n’est plus imaginable, elles ne persistent que dans la haute couture et l’art de l’origami.
Mais ... car il y a toujours des exceptions à la règle commune, certains artistes sont encore des maîtres de la lenteur, ne refusent pas une forme de virtuosité, donnent à voir des plis et des replis pensés et réinventés pour une perception up to date de notre époque.

Cette exposition commence par des mots, ceux de l’écrivain Bernard Chambaz dont l’écriture transversale parcourt les distances et le temps.
La peinture de Jean Pierre Schneider prendra le dehors de l’exposition en investissant les bâtiments qu’il a conçus et construits en 2013 comme lieu d’exposition. Il lui revient cette année d’y poser ses plis, replis et déplis qui occupent et préoccupent son œuvre de façon presque constante.

Hantaï et de Meurville

Au dedans, Simon Hantaï et Jean Degottex seront les références incontestables de l’art du pli au XXème siècle. L’un et l’autre se retirent de la peinture en tant que « je » et donnent à voir des œuvres nées d’une succession d’évènements et de protocoles.
Marcel Robelin, qui nous a quittés en 2013, froissait et cendrait le papier créant ainsi dans les plis des lieux de mémoire pour des architectures témoins en suspens du temps qui passe et accompagne les rêveries de ce promeneur solitaire.

Trois photographes :
Alain Turpault nous convie à la table du quotidien avec 18 photographies alternant l’absence et la présence des convives sous une lampe et autour d’une nappe dont les plis créent une sorte de permanence à ce qui n’est qu’éphémère et volatil.
Damien Daufresne saisit au vol les plis d’un instant voué à disparaître, la brume, la pluie, la nuit, renforcent ce noir et gris de clichés qui semblent déjà rongés par l’oubli.
Franco Pagetti, grand reporter à Alep en 2013, saisit la guerre sans la guerre dans les plis de grands tissus qui font séparation et protection dérisoires au milieu des ruines.

Franco Pagetti

Deux sculpteurs :
Christian Renonciat, virtuose de l’illusion, sur de fins reliefs de bois donne une vue rapprochée et surréelle de plis qui furent de tissus ou de papier.
Sylvie de Meurville sculpte, aiguise, déploie des paysages plissés d’après nature. La légèreté de la résine blanche les détache du sol et crée des rêves d’envol et de survol.

Un peintre :
Hye-Sook Yoo, depuis toujours peint à l’acrylique et à la mine de plomb des enveloppes pileuses sans support. Elle met en scène ces dépouilles dans l’oubli de leur origine et de leur destination pour la seule jouissance de leur matière mystérieusement vivante. "

Hye-Sook Yoo

Pour en savoir plus : http://www.galeriesabinepuget.com/galeriesabinepuget/accueil.html
catalogue, véritable objet d’art lui-même, avec un très beau texte intitulé "Pli, Repli" de l’écrivain et poète Bernard Chambaz

Exposition jusqu’au 14 septembre, ouvert du vendredi au dimanche, à partir de 15h30 et sur rendez-vous au +33(0)6 16 01 54 58

galerie sabine puget, château barras, 83670 fox-amphoux
contact@galeriesabinepuget.com

crédit photographique :courtesy Sabine Puget et les artistes

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Nous vous recommandons vivement de faire un tour artistique dans le centre du département, entre Fox-Amphoux (la galerie Sabine Puget et la chapelle du vieux village), Barjols (artmandat et portes ouvertes d’ateliers d’artistes les 8,9, et 10 août), Carcès ("l’art prend le relai", avec les amis de Michel Roux, à l’Apocope), Brignoles (au Centre culturel), Châteauvert (avec une sélection de la collection de l’Hôtel des Arts de Toulon) et Lorgues (galerie Le Garage), il y a tant à voir - l’art sous toutes ses formes -.

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Marie-Françoise Lequoy-Poiré

Posté le 1er août 2014