" comme un . ", exposition de douze étudiants de l’Ecole Supérieure d’Art de Toulon à Barjols - volet 1 -

Une invitation d’artmandat, une production comme un .

par MFLP

Exercice difficile : présenter une exposition pluridisciplinaire de 12 artistes en devenir, tout en rendant compte du talent de chacun, du concept et de la qualité de réalisation de chaque oeuvre... Allons-y, prenons le risque, le jeu en vaut bien la chandelle, tellement cet événement, unique en son genre, est réussi .

Pour commencer : ils sont douze, étudiants en toutes disciplines à l’ESADTPM, amis dynamiques cooptés, à investir le lieu des Perles pour y organiser en totalité leur exposition. Quand je dis en totalité, cela veut dire prendre en main le commissariat, la communication, le timing, l’installation dans le site, la coordination de toute l’exposition et son évolution, puiqu’il s’agit d’une exposition évolutive. Expérience rendue possible grâce à l’esprit d’ouverture et d’accueil de l’association " artmandat " et des artistes Christiane Ainsley et John Francis qui mettent à disposition de l’association une bonne partie de leurs locaux. Une belle expérience aussi pour se confronter à un lieu compliqué et soumettre les oeuvres au regard du public. Une première expérience professionnelle donc.

Pourquoi " comme un . " ? est ce que ces étudiants forment un groupe homogène ? non : ils ont tous une pratique artistique différente, de la photographie à la sculpture en passant par le dessin, l’installation, la performance, la poésie, la vidéo, le design et... la peinture. Est ce qu’un même thème les réunirait ? En cherchant bien, peut-être pourrait-on trouver que certains nous parlent de la pérennité et de la fragilité des choses, de l’illusion aussi, du temps qui passe ? Mais non, ce n’est pas suffisant ! peut-être tout simplement, parce qu’ils sont réunis par des affinités électives et un point commun, le point qui ponctue le titre ?

Pour qui ne connaît pas les lieux : au rez de chaussée, une sorte de grotte taillée à même le roc, un garage, au premier étage, trois salles d’exposition, de l’un à l’autre, un escalier raide...brut de décoffrage. Suivons donc un parcours fait de découvertes et de surprises.

Dans l’entrée de la grotte, au dessus de nos têtes, une installation de Bruno Pancrazi, formée de compartiments triangulaires colorés par une lumière diffuse et savamment disposés en kaléidoscope dans l’espace abrite... des araignées en vie et nous pose la question de l’évolution de la vie dans un milieu fermé et apparemment hostile. Au premier étage, des structures de bois illustrent la diversité des pratiques artistiques de l’artiste.

Dans la grotte de droite, une fragile marelle composée de sept plaques de verre terminée par un miroir qui reflète le ciel, ici bien rocheux. Au premier, une installation au sol d’origamis d’acier plié. Brian Caddy se joue de nous en nous montrant ces jeux auxquels on ne peut pas jouer : une marelle sur laquelle on ne peut pas marcher sans la détruire, avec un ciel de pierre, et des origamis totalement rigides. Objets détournés qui posent la question du devenir de ces jeux traditionnels, à l’heure du jeu vidéo sur console.

Au fond de cette grotte, Caroline Mary envahit chaque cm2 de l’espace en y disposant régulièrement, dans un fragile équilibre et deux par deux, de petites écailles de céramique qui seront, pour certaines, amenées à tomber, à s’entrechoquer dans un son cristallin et à faire évoluer l’installation. Exposition évolutive par nature donc, qui met en valeur les qualités intrinsèques des matériaux utilisés, mais qui peut aussi orienter notre imagination vers de multiples horizons (la foule, les tentes d’un camp de réfugiés, l’intervention du hasard des choses et de la nature dans un agencement ordonné, que sais-je ?).

Dans la grotte de gauche, la plus sombre peut-être, un homme nu, de plâtre, essaie en vain de s’arracher de son lien, ou plutôt essaie désespérément d’avancer, mais des sangles le retiennent dans son élan. Désespoir de son visage. Le sculpteur Marc-Antoine Averty nous laisse une libre interprétation de sa saisissante statue. Conrairement à l’homme de Muybridge ou celui de Rodin, nous avons là l’homme qui ne marche pas !

Le soir du vernissage, Amin Azam présentait une performance visio-sonore : peindre avec ses dix doigts, le regard occulté par un bandeau, sur deux toiles vierges au dos desquelles des capteurs renvoyaient le son de l’action sur des haut-parleurs. Guidé par l’ouïe, le geste d’Amin entrait en résonance avec le son. Peinture interactive, donc, avec sa propre élaboration.

Dans le garage, dans une vidéo projetée sur la porte de bois, une bouche prise en gros plan et qui laisse apparaître la texture des lèvres et des dents énonce des termes évoquant les odeurs. Marion Clément nous invite, dans une unique séquence, à une multiple expérience sensorielle en convoquant les cinq sens : la vision, le toucher, l’ouïe, l’odorat, le goût. À goûter et entendre sans modération ! Au premier étage, dans un tout petit local, une installation sonore en stéréo propose un exercice d’écriture qui s’inspire du mouvement oulipien. A écouter attentivement, en se laissant surprendre par les jeux de téléscopages, néologismes, amalgames, et autres haplologies.. Poésie verbale, poésie sonore même.

pour la suite de l’article : revenir à la rubrique "actus art" et chercher le volet N°2
http://www.yaquoi.com/comme-un-exposition-de-douze33011

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Posté le 28 janvier 2015