Hervé Monjoin, responsable des affaires culturelles à Sanary, directeur artistique du théâtre Galli

Le théâtre programme 40 à 45 spectacles par an. Avec 1000 places, c’est la plus grande salle du Var après l’Opéra. De part sa programmation, il a une vocation régionale et totalise environ 30 000 entrées par an.
Il est financé par la mairie de Sanary à hauteur de 840 000 euros, par le Conseil général (150 000 euros) et réalise 305 000 euros de recettes.

Pouvez-vous nous parler du public du théâtre Galli ?
Nous avons un noyau dur d’abonnés sur le théâtre. Environ 100 spectateurs sont des inconditionnels, ils viennent une dizaine de fois par an. Nous avons des gens qui viennent voir des choses grand public avec Marthe Mercadier et qui reviennent voir quelque chose de totalement différent par la suite. J’ai fait évoluer la programmation pour voir d’autres publics. Il faut toujours être modeste dans le théâtre, ne jamais trahir les spectateurs. Nous faisons des efforts d’ouverture. Quand nous avons programmé les Elles (un groupe de filles qui chantent du rock), nous n’avons fait que 250 entrées mais cela a attiré du monde de Marseille à Nice. Le groupe Java (rap-musette) fait aussi partie des paris.
Tout est une question d’équilibre entre des spectacles qui sont sûrs de fonctionner, et, de temps en temps, des choses à part. En théâtre, chacun doit pouvoir trouver 3 ou 4 spectacles à son goût par an. Je suis heureux d’observer un rajeunissement de notre public.
L’objectif n’est pas de remplir la salle mais de toucher le plus de personnes possible.

A votre avis quels sont les points faibles de l’agglomération toulonnaise, sur le plan culturel ?
Il n’y a pas de théâtre à Toulon. On est dans un système éclaté (Zénith, Opéra, Galli). La programmation se fait en fonction des lieux et des équipements. Dans le Var, c’est l’événementiel qui marche le mieux. Il y a des facteurs objectifs.
Je pense à une sociologie non favorable à la culture.

Comment peut-on y remédier ?
Il faut pouvoir trouver un équilibre et une dynamique avec des spectacles très professionnels pour tirer vers le haut les amateurs. C’est difficile d’exciter la curiosité jusqu’au bout. Pour que les choses évoluent, il faut de toute façon que le spectacle reste un plaisir. Le public va où il veut aller et notre métier est de le séduire. Il faut créer l’envie chez les gens. Pour toucher une population plus large, il faut agir sur le long terme. Il est important que les artistes puissent parler avec le public.
Le spectacle vivant doit se différencier des autres spectacles sur ce terrain là. On demande aux artistes de venir boire un verre au foyer pour discuter avec les spectateurs. Il ne faut pas faire payer, entrer, sortir.
Le théâtre est un enjeu politique, c’est aussi un lieu de parole. Un des rôles du théâtre, c’est de proposer des choses différentes, parfois choquantes.

Posté le 2 juillet 2002