Mireille Odin, directrice artistique du Théâtre du Rocher à la Garde

Le Rocher est une salle municipale de cinéma et de spectacle, gérée par l’association Artelle. La compagnie " le bruit des hommes " y réside depuis une dizaine d’années.

La programmation est axée sur le théâtre, la musique, le jeune public, l’humour, et des formes ouvertes qui lient plusieurs expressions artistiques.
Chaque année, il y a une création de la troupe résidente ainsi que la coproduction de spectacles. Le Rocher appartient aux réseaux Scène(s) et Var en Scène. La salle contient 150 places et propose 23 spectacles par an.
Le budget artistique de l’association, qui est aidé par la ville, le Conseil général, le Conseil régional et la DRAC s’élève à 130 000 euros.

Quel type de public souhaitez-vous toucher ?
Notre but est d’avoir un public qui évolue. Pour cela il faut décloisonner les genres, fidéliser les gens sur des choses non connues. C’est la vocation des salles de proximité. Nous travaillons avec des associations comme Culture du cœur, les relais de Géricho, pour faire accéder des public intéressés mais en grande difficulté. Nous avons des habitués et des abonnés : 185 abonnés plus 85 abonnés jeunes scènes (qui fonctionne pour toutes les salles du réseau scène). Sur 23 spectacles, nous avons eu 10 complets. Le public vient de toute l’agglomération.

Le public de l’agglomération est-il particulièrement difficile ?
Moins de 10 % des gens assistent à des spectacles. Il faut au moins offrir des choses à ces 10 %. Ce phénomène est dû à la culture télé. Il faut beaucoup de temps pour former un public.
Depuis octobre 2000, nous collaborons avec d’autres scènes (Réseau Scènes). Cela nous permet de nous entendre et de proposer une offre globale plus cohérente au public.
Pour que les gens viennent sur des choses peu connues, il faut qu’il y ait une confiance, qu’ils ne soient pas déçus.

Pourquoi les jeunes, notamment les étudiants, vont-ils peu au théâtre ?
Les jeunes sont habitués à aller voir des concerts. A la Garde, il y a une option théâtre au lycée, donc les jeunes sont sensibilisés. Par contre, malgré la présence de l’université à proximité, nous voyons peu d’étudiants. Il est difficile de faire venir les adolescents. Ils ont un goût prononcé pour les musiques actuelles.
A Toulon, il y a trop de spécialisation, de cloisonnement. C’est un petit peu les institutions qui ont cloisonné en disant : cette salle, c’est pour les musiques actuelles, celle-ci, c’est pour le théâtre. De toute façon les gens évoluent. Avant cette musique n’avait pas droit de cité, et ce n’est pas plus mal qu’on lui donne les moyens d’exister.

Est-il normal que le théâtre, en particulier, soit si dépendant du financement public ?
Le théâtre, l’opéra, ne seront jamais rentables, en raison de la taille des salles. Il y a un secteur commercial (le cinéma, le disque) qui fonctionne bien sans l’Etat.
Il faut se battre tout de même pour imposer les formes non rentables.

Posté le 2 juillet 2002